"Journée de silence" en Ukraine, négociations espérées à Minsk

Séparatistes pro-russes à Khartsyzk, dans l'est de l'Ukraine. La reprise des négociations entre le gouvernement ukrainien et les rebelles, annoncée mardi à Minsk en Biélorussie, pourrait débuter avec quelques jours de retard. /Photo prise le 7 septembre 2014/REUTERS/Maxim Shemetov

par Richard Balmforth KIEV (Reuters) - La reprise des négociations entre le gouvernement ukrainien et les séparatistes pro-russes, annoncée mardi à Minsk en Biélorussie, pourrait débuter avec quelques jours de retard alors qu'est prévue une "journée du silence" destinée à faire taire les armes en Ukraine. Un conseiller diplomatique de Vladimir Poutine a indiqué lundi à Moscou que ces discussions, annoncées par le président ukrainien Petro Porochenko pour mardi, pourraient avoir lieu "cette semaine" dans la capitale biélorusse. Il s'agirait de la première rencontre entre les deux camps depuis le projet de trêve en 12 points qui avait été conclu le 5 septembre à Minsk sous l'égide de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et qui n'a jamais été appliqué. Ce cessez-le-feu a été sans cesse violé, provoquant la mort de centaines de civils, de soldats ukrainiens et de rebelles pro-russes tandis que le gouvernement de Kiev accusait Moscou de soutenir militairement les séparatistes du Donbass. Iouri Ouchakov, conseiller de Vladimir Poutine, a affirmé que la Russie faisait tout ce qui était en son pouvoir pour permettre la tenue des pourparlers cette semaine. Le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk a, pour sa part, appelé la Russie à remplir ses obligations contenues dans l'accord du 5 septembre. "Si la Russie poursuit sa politique agressive envers l'Ukraine et envers le monde entier, elle va continuer en payer le prix", a déclaré le chef du gouvernement ukrainien, évoquant les sanctions économiques prises par les Occidentaux. Le ministre ukrainien de la Défense, Stepan Poltorak, a indiqué que les deux camps s'étaient entendus sur un "accord préliminaire" de cessez-le-feu à l'occasion de la "journée du silence", mardi. "Nous verrons s'il est respecté", a-t-il déclaré, cité par l'agence de presse Interfax. ACCUSATIONS RÉCIPROQUES Si reprise des négociations il y a, elle se fera dans un contexte de tension exacerbée et d'accusations mutuelles entre d'un côté l'Ukraine et les Occidentaux et de l'autre la Russie. Le vice-ministre russe des Affaires étrangères a ainsi accusé les Etats-Unis de vouloir faire tomber le président Vladimir Poutine par le biais des sanctions imposées à la Russie pour son rôle dans la crise en Ukraine. "C'est un secret de Polichinelle que le but des sanctions est de créer les conditions économiques et sociales pour mener à bien un changement de pouvoir en Russie", a déclaré Sergueï Riabkov lors d'une audition devant la chambre basse du Parlement russe, la Douma. Le ministre canadien de la Défense, en visite à Kiev, a justifié la nécessité de l'aide militaire non létale et des vêtements d'hiver fournis par son pays à l'armée ukrainienne. "Nous devons continuer à maintenir la pression sur la Russie afin qu'elle commence à se soumettre au droit international", a dit Rob Nicholson. "Ils doivent cesser leurs initiatives et respecter l'Ukraine", a-t-il ajouté. De son côté, Angela Merkel s'est déclarée convaincue qu'une solution diplomatique demeurait possible dans ce conflit mais qu'y parvenir prendrait plus de temps qu'elle ne l'avait d'abord imaginé. "Nous allons devoir faire preuve de plus de patience que nous l'avions imaginé au départ", a-t-elle déclaré dans un entretien à la première chaîne de télévision allemande ARD. Sur le terrain, un soldat ukrainien a été tué lors d'affrontements au cours des dernières 24 heures, a indiqué Andriy Lissenko, le porte-parole de l'armée ukrainienne. "Nous espérons que ces discussions (à Minsk) offriront à l'ennemi l'occasion de (cesser le feu) et à l'OSCE l'opportunité de tirer des conclusions sur qui viole la trêve", a-t-il ajouté. (Pierre Sérisier pour le service français)