Le jour où j’ai coupé mes dreadlocks
Le 23 janvier dernier, je me suis exprimé au nom de mon pays devant le Conseil de sécurité des Nations unies pour demander un cessez-le-feu à Gaza et la justice pour tous. Le lendemain, Journée internationale de l’éducation, j’ai donné une conférence à la Graduate School of Education de l’université Harvard sur “l’inclusion radicale”, une stratégie axée sur la justice sociale que j’ai décrite dans un livre publié en 2023 [Radical Inclusion : Seven Steps to Help You Create a More Just Workplace, Home and World, Flatiron Books, non traduit ; littéralement “Inclusion radicale : sept étapes vers plus de justice au travail, chez vous et dans le monde”].
Après tout cela, j’ai fait une chose qui a vraiment capté l’attention des gens.
Je me suis coupé les cheveux.
Plus précisément, j’ai coupé les dreadlocks que je portais depuis dix-sept ans.
Les dreads du Premier ministre
Durant mon enfance et mon adolescence en Sierra Leone, je n’avais pas voulu laisser pousser mes cheveux en dreadlocks parce que cette coiffure était associée aux drogués, aux jeunes qui arrêtent l’école et à d’autres marginaux. Puis je suis allé étudier aux États-Unis, à Harvard. À cette époque, je me suis pris de passion pour la musique et le football, et les dreads m’ont semblé parfaitement aller avec tout ça. Elles étaient aussi très pratiques : je n’avais plus besoin d’aller chez le coiffeur toutes les semaines. Elles étaient là lorsque j’ai obtenu mon doctorat au MIT, lorsque j’ai décroché mon premier emploi, puis lorsque je suis devenu chef d’une unité de recherche chez IBM à Nairobi.
Elles étaient aussi là lorsque j’ai rejoint le gouvernement de mon pays, d’abord en 2018 en tant que directeur du Département national de l’innovation, puis en tant que Premier ministre. Elles m’ont parfois posé des problèmes. Des gens m’ont fermé la porte au nez parce qu’ils ne croyaient pas que j’étais ministre et des adversaires m’ont fait des remarques désobligeantes à leur propos dans des débats politiques.
Alors que mon patron, le président Julius Maada Bio, ne m’a jamais adressé le moindre commentaire négatif sur mes cheveux, certains membres du gouvernement ne s’en sont pas privés, aussi bien en face que dans mon dos. D’autres m’ont enjoint de respecter notre “culture” et m’ont traité d’étranger dans mon pays.
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