Un jour férié en moins pour le budget de la Sécu ? L’idée clivante à laquelle le gouvernement ne dit pas non
La première journée de solidarité, mise en place en 2004, a rapporté 3,2 milliards d’euros. À la recherche de recettes supplémentaires, le gouvernement ne dit pas non à une seconde.
POLITIQUE - Une journée de solidarité en plus ? Alors que les députés entament ce lundi 28 octobre l’examen du projet de budget de la Sécurité sociale (PLFSS) dans l’hémicycle, l’idée fait son chemin chez certains élus et même au sein du gouvernement. « C’est une proposition très intéressante, qu’on instruit et qu’il faut regarder de près », a confirmé le ministre de l’Économie Antoine Armand le 27 octobre.
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L’idée a été mise sur la table fin septembre, dans un rapport du Sénat sur les Ehpad. Alors qu’entre 2020 et 2023, le nombre d’établissements déficitaires a plus que doublé, les sénatrices (RDPI, LR et EELV) à l’origine du rapport préconisaient la création d’une deuxième journée de solidarité, « qui pourrait se traduire par la suppression d’un jour férié », avec à la clé 2,4 milliards d’euros de recettes supplémentaires.
En plein débat sur les finances françaises, l’idée est peu à peu reprise. D’abord par l’ancien ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, qui dans une interview aux Échos disait tout le mal qu’il pensait des pistes d’économie du gouvernement Barnier et faisait part des siennes : « Pour travailler plus, j’ai aussi des propositions comme la suppression d’un deuxième jour férié dans le public comme dans le privé », déclarait-il le 6 octobre.
Vendredi 25, c’est la sénatrice (Union centriste) Élisabeth Doineau, rapporteure du PLFSS, qui en remettait une couche. « À titre personnel, j’aurais été beaucoup plus favorable à une journée de solidarité en plus » qu’au report de l’indexation des retraites sur l’inflation, faisait-elle valoir sur Public Sénat.
Une proposition pour « créer de la richesse »
Sans vouloir renoncer au gel des pensions, le ministre Antoine Armand n’a pas fermé la porte à la création de cette nouvelle journée de solidarité, une proposition qui « a le mérite de créer de la richesse ». « En France, on travaille moins que dans les autres pays (...) Or, qu’est-ce que nous voulons faire aujourd’hui ? Renforcer le pays en créant de la croissance. On a besoin d’une plus grande quantité de travail. Je suis donc très ouvert à regarder comment on travaille plus. Est-ce que ça doit être une journée de solidarité ou une réflexion plus forte y compris sur l’emploi des seniors ? », a-t-il expliqué sur LCI.
Au sein du camp présidentiel, le président Horizons de la Commission des Affaires sociales Frédéric Valletoux ne s’y est pas opposé. « Pourquoi pas ? On va y réfléchir », a-t-il avancé sur TF1 ce lundi. « C’est pour financer une solidarité nécessaire. On a un nombre de personnes âgées aujourd’hui qui est beaucoup plus important qu’il y a quelques années et qui va peser de plus en plus dans les années qui viennent », fait-il valoir.
Mais dans l’opposition, l’idée est moins plébiscitée. « La suppression d’un jour férié, je pense que ça ne rapporte rien », a déclaré le vice-président du Rassemblement national Sébastien Chenu sur RTL. Interrogé sur France 2, le président du parti lepéniste Jordan Bardella a préféré esquiver. L’idée fait aussi tiquer à gauche, dénoncée par le sénateur communiste Ian Brossat. « Et allez, un jour férié en moins ! Et on baptise ça ’journée de solidarité’. Avec eux, la solidarité, c’est celle des travailleurs au profit de ceux qui s’enrichissent en dormant », a fustigé l’élu sur X.
Et allez, un jour férié en moins ! Et on baptise ça « journée de solidarité ».
Avec eux, la solidarité, c’est celle des travailleurs au profit de ceux qui s’enrichissent en dormant. https://t.co/FJnqqgGzhd— Ian Brossat (@IanBrossat) October 27, 2024
La première journée de solidarité a été mise en place en 2004. En 2023, elle a rapporté 3,2 milliards d’euros selon la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie, ce qui en fait la deuxième source de recettes du secteur, derrière la CSG (36,59 milliards d’euros sur un budget total de 41 milliards.)
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