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Kiev accuse les rebelles de violer la "journée du silence"

A Donetsk, après des bombardements nocturnes, selon des témoins. Les forces gouvernementales ukrainiennes ont suspendu leurs opérations de combat dans l'est du pays, mardi, dans le cadre d'une "journée du silence" sur la ligne de front. /Photo prise le 9 décembre 2014/REUTERS/Maxim Shemetov

par Richard Balmforth et Pavel Polityuk KIEV (Reuters) - Les forces gouvernementales ukrainiennes ont accusé les séparatistes pro-russes de violer l'accord de suspension des combats dans l'est du pays à l'occasion, mardi, de la "journée du silence" destinée à favoriser de nouveaux pourparlers de paix. L'armée a annoncé qu'elle avait suspendu ses opérations de combat à 10h00 mais, à la nuit tombée, elle indiquait avoir recensé 13 cas de violation de cette trêve, des rebelles bombardant des positions gouvernementales. En deux occasions des tirs d'artillerie ont visé l'aéroport de Donetsk tenu par les forces ukrainiennes et considéré comme un enjeu stratégique. "N'ayant aucune intention de respecter l'accord, les rebelles ont fait usage d'armes légères, de mortiers et d'artillerie, et de véhicules blindés dans des zones résidentielles", dit le service de presse des opérations militaires dans l'est de l'Ukraine. Côté séparatiste, Alexander Zakhartchenko, qui dirige la "République populaire de Donetsk", a déclaré avoir lui aussi ordonné à ses troupes de cesser le feu à 10h00 et de ne riposter qu'en cas d'attaque. Les Ukrainiens ont fait de cette "journée du silence" un test de la capacité des séparatistes à respecter la trêve théoriquement en vigueur depuis trois mois. Cette trêve décidée au moment de la conclusion d'un accord le 5 septembre à Minsk a été sans cesse violée, provoquant la mort de centaines de civils, de soldats ukrainiens et de séparatistes pro-russes. D'après l'Onu, on a compté en moyenne treize morts chaque jour depuis son entrée en vigueur. RELANCE DES POURPARLERS DE PAIX ? La perspective d'une reprise cette semaine à Minsk de pourparlers de paix impliquant la Russie, l'Ukraine et les chefs séparatistes sous l'égide de l'OSCE pourrait sortir renforcée de la journée de mardi. Un conseiller diplomatique de Vladimir Poutine indiquait lundi soir que ces discussions, annoncées par le président ukrainien Petro Porochenko pour mardi, pourraient avoir lieu "cette semaine" dans la capitale biélorusse. Il s'agirait de la première rencontre entre les deux camps depuis la conclusion du plan de résolution de la crise en douze points le 5 septembre à Minsk sous l'égide de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Un cessez-le-feu constituait le premier point du "Protocole de Minsk". Il n'a jamais été appliqué. A Moscou, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a confirmé mardi que le "groupe de contact" sur l'Ukraine se réunirait prochainement. "Dans les jours à venir est prévue une réunion du groupe de contact, au cours de laquelle sera évoqué un plan de cessez-le-feu définitif", a-t-il dit, cité par l'agence de presse russe RIA. Mais le ministre russe a mis en garde contre tout excès d'optimisme : la réduction véritable des tensions dans l'est de l'Ukraine prendra beaucoup de temps, a-t-il prévenu. Le discours prononcé dans le même temps par le Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, ne devrait pas inciter Moscou à modifier sa politique ukrainienne. Le gouvernement ukrainien, a-t-il annoncé, va engager la suppression du statut de neutralité et d'Etat non-aligné promulgué en 2010 par l'ex-président Viktor Ianoukovitch qui interdit à l'Ukraine de s'aligner sur un bloc et de rallier toute alliance militaire. Moscou juge que cette neutralité est "fondamentale". (avec Serhiy Kirichenko à Donetsk et Thomas Grove à Moscou, Eric Faye et Henri-Pierre André pour le service français)