Le son du jour #98 : méchant comme Jesse Osborne-Lanthier

Jesse Osborne-Lanthier.

Radical et sarcastique, le Canadien se paye d'un seul geste la musique électronique populaire et la musique électronique de pointe sur son nouvel EP. Deux morceaux en écoute.

Avis à tous ceux qui auraient pensé à autre chose qu’à la musique électronique de pointe ces derniers mois ou ces dernières années pour cause de naissance dans la famille ou de voyage dans des contrées inexplorées : le dernier disque du Canadien Jesse Osborne-Lanthier pour le label de référence Raster-Noton condense à peu près tout ce qu’il faut en retenir (et un peu plus si affinités). Comme dans nombre de maxis, fichiers, albums édités sur des centaines de labels à travers le monde en 2017 ou 2016, on y trouve des fréquences extrêmes, des syncopes dansantes, du recyclage de matières instables en veux-tu en voilà ; on y réfléchit à Internet, aux idées reçues, à l’ironie qui salit tout ou au futur de l’humanité.

Ce qui ne veut pas dire que la musique électronique de Jesse Osborne-Lanthier est dénuée de personnalité, bien au contraire. Bourré de mauvais esprit et de radicalité, ce Montréalais semi-résident à Berlin s’occupe autant en fouillant des logiciels de synthèse sonore très perfectionnés qu’en explorant le chaos aux côtés du crooner décadent Bernardino Femminielli, au sein du duo Femminielli Noir.

Dans Unalloyed, Unlicensed, All Night ! (dont on pourrait traduire le titre par «pur, sans permis, du soir au matin»), il se penche sur le cas de divers sous-genres parmi les plus honnis de la dance music populaire (l’EDM américain, la house de festivals, la trance) ainsi que de tutoriaux en ligne pour apprendre à en faire chez soi quand on n’y connaît rien, pour produire quatre morceaux parmi les plus intenses et pervers entendus de mémoire récente. Et c’est un critique qui suit l’actualité du genre au jour le jour (ou presque) qui vous le dit. TGIF !

Unalloyed, Unlicensed, All Night ! sort en vinyle et en digital le 13 janvier.



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