Joshua Cohen : «Philip Roth était un de ceux qui nous protégeaient contre l’idiotie rampante de la culture américaine»

Joshua Cohen, le 15 février à Paris.

L'écrivain américain revient sur l'héritage et le style de son aîné.

Joshua Cohen est écrivain, juif, et Américain. Son dernier livre traduit en date, Votre message a été envoyé, est paru cet hiver au Nouvel Attila.

Comment avez-vous pris la nouvelle de la mort de Philip Roth ?

Aujourd’hui, je suis triste. Et je suis presque surpris de l’être. Mais un sentiment de solitude m’est réellement tombé dessus en apprenant la nouvelle : l’impression qu’une force s’est éteinte. J’aimais l’idée qu’il existait quelque part, avec le pouvoir que lui donnait sa capacité à écrire les livres qu’il écrivait. Il était, en plus d’être un grand artiste, un de ceux qui nous protégeaient et nous défendaient contre l’idiotie rampante et généralisée de la culture américaine.

Comment le jugez-vous comme écrivain?

Il était un styliste formidable, et un écrivain d’une intelligence infinie. Après Faulkner, aux Etats-Unis, pour moi, il y a lui et Bellow. On dit beaucoup, depuis quelque temps, que l’arrivée de Trump a fait décamper les adultes… Mais dans le cas de Roth, c’est une réalité : sa disparition signifie, symboliquement, qu’il n’y a effectivement plus d’adultes dans la pièce. Il était l’un des derniers à pouvoir utiliser l’expression «littérature américaine» sans sourire bêtement. Ensuite d’un point de vue très personnel, je dirais que j’admirais la manière dont il avait réussi à faire tenir ensemble, dans son œuvre, les plus violentes contradictions. Ses livres sont scatologiques et sérieux, historiques et satiriques. Une carrière qui arrive à contenir des antagonismes si fort est un miracle d’humanité : seuls un cœur et un esprit recèlent autant de facettes. Avec sa mort, on a entendu de nouveau s’exprimer les critiques à l’endroit de Roth pour sa misogynie et son chauvinisme. J’aimerais rappeler à ceux qui ont sauté sur leur clavier d’ordinateur qu’il fait partie des deux ou trois grands intellectuels américains à avoir élevé l’intime au niveau national, à avoir permis de (...)

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