Joris Hébrard sanctionné par le RN pour avoir inauguré une mosquée au Pontet

Joris Hébrard photographié à l’Assemblée nationale lors de la rentrée du RN au mois de juin.
Joris Hébrard photographié à l’Assemblée nationale lors de la rentrée du RN au mois de juin.

POLITIQUE - En 2014, Joris Hébrard, maire Front national du Pontet dans le Vaucluse, dépose la première pierre d’une mosquée de la communauté turque de sa ville. Sans s’en cacher, puisque cette initiative était publique, raison pour laquelle Le HuffPost en avait parlé au détour d’un article trois ans plus tard. À l’époque, l’élu d’extrême droite n’est nullement sanctionné par son parti, puisqu’il porte ses couleurs aux élections départementales en 2015.

Malgré quelques polémiques locales, l’intéressé conserve la confiance de l’état-major du RN, au point d’être investi candidat aux élections législatives en 2022. Élu député au mois de juin, Joris Hébrard poursuit ses activités dans son territoire d’élection, et inaugure à la mi-mars cette même mosquée Fathi, aux côtés du consul de Turquie. Or, cette fois, ça ne passe pas.

Ce vendredi 24 mars, le bureau exécutif du Rassemblement national a sanctionné d’un blâme Joris Hébrard. La plus haute instance du parti d’extrême droite « désapprouve son initiative d’inaugurer dans la commune du Pontet une mosquée ouvertement liée au pouvoir et aux réseaux d’influence turcs » et indique avoir entendu le député.

Dans un communiqué, la formation lepéniste tient à rappeler « la ligne politique du Rassemblement National », à savoir « la lutte intransigeante contre toute forme de communautarisme ainsi que le rejet des influences étrangères, notamment de la Turquie islamiste d’Erdogan, sur le sol national français ». Ce qui, manifestement, n’avait pas empêché l’investiture de Joris Hébrard malgré le dépôt de la première pierre de cette même mosquée en sept ans plus tôt.

Marine Le Pen « désapprouve »

Mais pourquoi ce qui est passé sans encombre en 2014 provoque une sanction aujourd’hui, surtout dans un RN qui se veut dédiabolisé ? Le 22 mars, Le Point révèle cette inauguration, détaillant notamment l’édifice de 1 500 m2 comprenant un minaret. Et dans cet article, on apprend que ce sont des militants locaux de Reconquête !, le parti d’Éric Zemmour, qui ont repéré l’événement (passé sous les radars médiatiques) sur les réseaux sociaux.

Ainsi, l’hebdomadaire a donné la parole à Xavier Magnin, collaborateur de Joris Hébrard, pour répondre aux critiques qui commençaient à s’accumuler. « Joris Hébrard assume totalement. Pourquoi aurait-il refusé de se rendre à l’inauguration, alors qu’en tant que parlementaire, il peut être reçu à l’ambassade de Turquie ? La communauté turque fait partie du Pontet, elle est dynamique, elle compte de nombreux entrepreneurs. La France change de visage, il va falloir que Reconquête ! s’y fasse », a-t-il justifié.

Or, sitôt publié, l’article a fait le bonheur de l’état-major de Reconquête !, qui y a vu une opportunité d’accuser le RN de renier son combat contre l’islamisme. Vice-présidente exécutive du parti, Marion Maréchal est tout de suite montée au créneau, se disant « extrêmement déçue » par l’initiative menée par Joris Hébrard, tout comme Nicolas Bay ou le président de la génération Z, Stanislas Rigault.

Alors que Marine Le Pen donnait une conférence de presse sur les retraites le même jour à l’Assemblée nationale, elle n’a pas échappé à une question sur cette situation. « C’est une initiative personnelle que je désapprouve, très clairement », a-t-elle répondu. « Nous en discuterons, c’est comme avec le fisc, il y a le droit à l’erreur, une seule fois », a-t-elle poursuivi, alors que le cliché montrant le député RN sous un drapeau turc provoquait l’indignation de plusieurs députés du groupe lepéniste à l’Assemblée.

Pendant ce temps, les cadres de Reconquête ! continuaient d’exhumer des archives, comme cette vidéo montrant Joris Hébrard se réjouir de l’anniversaire d’une grande boucherie hallal de sa ville du Pontet. Ce qui a donc poussé le Rassemblement national à prononcer une sanction, sans effet direct, à l’encontre de son député.

Auprès du Monde, le collaborateur de Joris Hébrard a déploré l’ampleur prise par cette histoire : « Ce n’est pas du clientélisme. Cela s’appelle de la « realpolitik locale ». Il faut que les cadres du RN le comprennent aussi. Les Turcs votent aussi pour nous car leurs valeurs rejoignent celles du RN : l’ordre, le nationalisme. Mais cela, là-haut, ils ne le savent pas ».

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