Michel Barnier placé « sous surveillance » par Jordan Bardella et le RN qui veut rester au centre du jeu
POLITIQUE - Qu’elle semble loin, la défaite des législatives. Le Rassemblement national, en retrait forcé au début de l’été, entend bien s’installer en cette rentrée comme un parti incontournable. Jordan Bardella n’a pas réussi à devenir Premier ministre ? Cela ne l’empêche pas d’estimer que le titulaire du poste, le LR Michel Barnier a des comptes à rendre au RN qui le place « sous surveillance ». Rien de moins.
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« La réalité, c’est que désormais rien ne peut se faire sans nous. (...) Rien ne peut être effectué en politique contre nous et sans l’approbation ou la censure du Rassemblement national ». Ce samedi 7 septembre depuis la foire de Châlons, Jordan Bardella met désormais en garde Michel Barnier : « je souhaite que le Premier ministre et le futur gouvernement (...) puissent être attentifs aux exigences qui sont désormais les nôtres et je crois qu’à compter de ce jour, monsieur Barnier est un Premier ministre sous surveillance démocratique d’un parti politique qui est désormais incontournable dans le jeu parlementaire », ose-t-il.
Le chef de l’extrême droite souhaite que le RN puisse « s’entretenir » avec le Premier ministre et prévient qu’il sera « extrêmement intransigeant » sur les relations avec le futur gouvernement. Invité du JT de TF1 à 20H ce samedi, le président du parti aura un tapis rouge pour préciser ses exigences.
De l’outsider au « centre du jeu »
Hasard, 24 heures plus tôt c’est le nouveau chef du gouvernement qui se présentait aux Français, sur ce même plateau. Le RN, qui après sa troisième place au second tour des législatives, avait été écarté en juillet des principaux postes clefs de l’Assemblée puis des discussions sur une future coalition par Emmanuel Macron, a réussi en quelques semaines à se faire une place « d’arbitre » dans la course à Matignon.
Ainsi l’hypothèse Xavier Bertrand, longtemps testée par l’Élysée, s’est-elle heurtée au veto de Marine Le Pen qui entretient des relations exécrables avec le président LR de la région des Hauts-de-France. À l’inverse, le nom de Michel Barnier n’a pas suscité d’opposition de principe. Il reste « un adversaire politique, on ne le soutient pas », a déclaré un cadre du RN interrogé par l’AFP. Reste toutefois qu’avec cet épisode, le chef de l’État « nous remet au centre du jeu », se félicite cette source.
Même sans être majoritaire, le parti lepéniste revendique d’être le plus important de l’Assemblée nationale - c’est le cas numériquement - et n’entend pas être laissé sur la touche de la XVIIe législature. Avant même la nomination de Michel Barnier, Marine Le Pen avait listé ses conditions pour ne pas voter immédiatement la censure : « respect » pour le RN, l’inclure dans les discussions sur le budget, débattre de la proportionnelle sans oublier le pouvoir d’achat, l’insécurité et l’immigration.
« Rien en commun » avec l’extrême droite ou presque
La première intervention médiatique de Michel Barnier a de quoi lui donner satisfaction. Le chef du gouvernement a donné sa feuille de route qui, au-delà de la question budgétaire, concerne la « maîtrise des flux migratoires avec des mesures concrètes », le travail et les services publics. Sans oublier la question de la proportionnelle, sur laquelle il « ne s’interdit pas » d’en parler « si elle peut être une solution. »
Michel Barnier a confirmé qu’il « verra » Marine Le Pen, en tant que présidente du groupe, mais a voulu prendre ses distances avec le parti d’extrême droite. « Je n’ai rien en commun ou pas grand-chose de commun avec les thèses ou les idéologies » du RN, a-t-il assuré sur TF1 vendredi soir.
Cela n’empêche pas les députés lepénistes de se frotter les mains : « Monsieur Barnier, en vieillissant, a évolué sur un certain nombre de sujets, européens et sur la question de l’immigration. Il a repris quand il était candidat à la primaire (LR en 2022, ndlr) un certain nombre des positions qui étaient les nôtres. Nous attendons de voir si monsieur Barnier va au bout », a déclaré Thomas Ménagé, député du Loiret, sur France Inter ce samedi.
Ironie de la situation, deux mois jour pour jour après la déconvenue des législatives, la proximité entre les priorités du locataire de Matignon et celles de l’extrême droite, tout comme la présence de 126 députés RN dans une Assemblée morcelée, donne l’impression d’une victoire - au moins symbolique pour l’instant - du parti d’extrême droite. Et il entend bien en profiter.
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