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Jon Hendricks, le «poète du jazz», n'est plus

Le jazzman Jon Hendricks en concert au Keystone Korner à San Francisco en 1983.

Mémoire du jazz vocal, dont il aura parcouru toute l’étendue des possibles, Jon Hendricks s’est éteint le 22 novembre, dans un hôpital de Manhattan. Il avait 96 ans.

L’histoire retiendra de lui qu’il fut le principal médiateur du «vocalese», ce style qui consiste à mettre en paroles les vertiges instrumentaux du bebop et dont les créateurs furent Eddie Jefferson et King Pleasure, au tournant des années 1950. Jon Hendricks pouvait légitimement en assumer une bonne part de la paternité, tant il se dévoua à cet art qui exige de sérieuses aptitudes vocales doublées d’un sens millimétrique de l’écriture. Le trio qu’il forma à partir de 1957 avec Dave Lambert et Annie Ross enchanta d’ailleurs la planète jazz, voire au-delà.

Mais celui qui fricota le temps d’un 45-tours avec les Warlocks (futurs Grateful Dead !) avait d’autres atouts dans ses cordes vocales. Elevé comme beaucoup sur les bancs de l’église, ce fils de pasteur façonnera sa voix au chœur du gospel. Un premier apprentissage, complété par un duo avec Art Tatum, alors que sa famille a quitté Newark, sa ville natale, pour Toledo. C’est un autre parrain, Charlie Parker, qui le pousse à venir tenter sa chance à New York. Ce sera l’aventure de son trio, référence pour les générations futures. Les Double Six de Mimi Perrin dès 1960, comme en 2009 André Minvielle, cascadeur vocal, qui lui rendit hommage dans un disque dédié et qui partagea la scène du Duc des Lombards avec ce maître, alors âgé de 88 ans (et sa fille, Michèle Hendricks). Il était encore un sacré scatteur qui ne s’en laissait pas compter quand il s’agissait de grimper les octaves.

Il pouvait aussi se montrer un excellent chanteur de ballades, habitées par le feutre de sa voix. Et un terrible narrateur, comme l’éprouve son terrible Evolution Of The Blues Song (cf ci-dessous) qui préfigure dès 1960 le spoken word dans sa version la plus spirituelle. Capable d’aborder tous les registres (on lui doit un album en hommage à Joao Gilberto en 1961, des passages (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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