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Johnson & Johnson attaqué au premier procès des opioïdes

NORMAN, Oklahoma (Reuters) - Corrige le nom de l'avocat de J&J au paragraphe 7

Le géant de la santé Johnson & Johnson (J&J) a usé de méthodes commerciales trompeuses pour favoriser les prescriptions de médicaments antidouleur, contribuant ainsi à la surconsommation d'opioïdes aux Etats-Unis, ont plaidé les représentants de l'Oklahoma mardi à l'ouverture du premier procès lié aux plaintes visant le rôle des laboratoires dans cette crise de santé publique.

Le ministre de la Justice de l'Etat, Mike Hunter, à l'origine de ce dossier dont l'enjeu financier se chiffre en milliards de dollars, a estimé lors de l'audience tenue dans la ville de Norman que J&J devait être condamné à payer pour résoudre ce qu'il a présenté comme "la pire crise de santé publique due à l'homme dans l'histoire de notre Etat".

Le procès de Norman est le premier marquant l'aboutissement de l'une des quelque 2.000 procédures judiciaires engagées par des Etats ou des collectivités locales aux Etats-Unis contre des entreprises pharmaceutiques mises en cause dans la crise des opioïdes. Selon le Center for Disease Control and Prevention, une agence fédérale, ces molécules de synthèse ont été à l'origine de 47.600 morts par surdose en 2017.

Avant le procès, l'Oklahoma a conclu des accords amiables avec la société Purdue Pharma, qui fabrique l'OxyContin, l'un des plus connus des antidouleur mis en cause, pour 270 millions de dollars (242 millions d'euros) et avec Teva Pharmaceutical Industries pour 85 millions de dollars. J&J est ainsi le seul laboratoire à comparaître à Norman.

PRÈS DE 2.000 PLAINTES EN ATTENTE

Brad Beckworth, avocat de l'Etat, a reproché au groupe pharmaceutique d'avoir, comme Purdue et Teva, recouru à des pratiques commerciales trompeuses depuis les années 1990 afin d'inciter les médecins à prescrire des opioïdes.

Selon lui, J&J, pour promouvoir le Duragesic et le Nucynta, les a présentés comme "sûrs et efficaces contre les douleurs du quotidien" tout en minimisant les risques d'addiction.

Le défenseur de J&J, Larry Ottaway, a argué du fait que les produits du groupe ne représentaient qu'une faible part des opioïdes prescrits dans l'Oklahoma et que les avertissements de la Food and Drug Administration (FDA), l'autorité américaine du médicament, sur les risques d'addiction figuraient bien sur les emballages.

"Il faut étudier les détails car les faits sont têtus", a-t-il ajouté.

Il a estimé que l'Oklahoma cherchait à étendre la qualification d'atteinte à l'ordre public dans le but de contraindre J&J à payer jusqu'à 17,5 milliards de dollars pour financer la lutte contre l'épidémie au cours des 30 prochaines années.

Le procès est suivi de près par les plaignants dans d'autres dossiers, à commencer par les quelque 1.850 plaintes regroupées par un juge fédéral de l'Ohio qui cherche à obtenir un accord amiable avant la tenue d'un procès, prévue pour octobre.

Certains avocats ont comparé ces dossiers aux poursuites d'Etats américains contre le secteur du tabac, qui avaient abouti en 1998 à un accord amiable de 246 milliards de dollars.

(Ben Fenwick; Marc Angrand pour le service français)