Joe Biden à l’Otan maîtrise sa conférence de presse, mais pour la présidentielle il est peut-être déjà trop tard

ÉTATS-UNIS - Il veut « continuer à faire le job » et ne compte pas laisser sa place. Joe Biden, qui joue sa survie politique alors que sa candidature à la présidentielle américaine est de plus en plus remise en question dans son propre camp, a de nouveau catégoriquement écarté son retrait de la course ce jeudi 11 juillet, lors d’une conférence de presse au sommet de l’Otan.

Présidentielle américaine : Joe Biden contesté dans son propre camp, cinq questions sur sa candidature

Cette prise de parole sans prompteur ou questions préparées était particulièrement attendue, lui qui est assez piètre orateur et un habitué des lapsus. D’ailleurs juste avant la conférence de presse qui a commencé avec une heure de retard, il a fait une gaffe monumentale en confondant Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky. Peu rassurant.

C’est pourtant sûr de lui qu’il a commencé son propos introductif, rédigé en avance. Il a parlé avec force (entre deux quintes de toux) pour tenter d’effacer l’image de vieillard qu’il avait laissée après son débat sur CNN. C’était ensuite aux journalistes de poser leurs questions, qui portaient plus sur sa candidature à la présidentielle que sur des sujets de fond.

Le terrible lapsus Harris-Trump

La première a donné le ton, le reporter interrogeant Joe Biden sur les capacités de la vice-présidente Kamala Harris à devenir présidente. Le nom de cette dernière revient avec insistance pour remplacer le président en urgence s’il venait à se désister. Sauf que le démocrate a encore gaffé, confondant les noms de sa colistière et de Donald Trump. Vous pouvez voir la séquence ci-dessous, en anglais.

Biden : « Je n’aurais pas choisi le vice-président Trump pour être vice-président si je ne pensais pas qu’elle était qualifiée pour être présidente. »

Le démocrate ne s’est pas rendu compte de son erreur. Et sans surprise, Donald Trump s’est délecté que la boulette de son rival. « Beau boulot, Joe ! », a écrit le républicain de 78 ans sur son réseau Truth Social. Juste après la conférence de presse, le président a répliqué : « Au fait, je connais la différence. L’une est une procureure, l’autre un repris de justice. »

Interrogé directement sur sa santé, Joe Biden est ensuite passé à la défense. Il a nié avoir dit avoir besoin de se coucher à 20 heures, information révélée par le New York Times, critiquant plutôt son staff qui a trop chargé son agenda. « Au lieu de commencer ma journée à 7 heures et de me coucher à minuit, il serait plus intelligent pour moi de ralentir un peu la cadence », a-t-il toutefois concédé.

Quant à ses capacités cognitives, il a souligné avoir vu un neurologue en février dernier et avoir passé plusieurs tests. « Ils disent que je suis en bonne forme. Je vais bien. Je suis testé tous les jours sur mes capacités neurologiques par les décisions que je prends chaque jour », a-t-il évacué.

Une connaissance des dossiers indéniable

Pendant toute cette conférence de presse qui a duré une heure, Joe Biden n’a pas flanché et affirmé qu’il resterait le candidat de son parti. « Je suis déterminé à être candidat, mais je pense qu’il est important d’apaiser les peurs », a-t-il déclaré, reconnaissant avoir raté son débat contre Donald Trump, mais estimant être le plus qualifié pour le battre. Et s’autorisant même un trait d’humour : « La seule chose que l’âge crée, c’est la sagesse. »

Sur le fond des dossiers, Joe Biden a montré sa connaissance irréprochable malgré quelques bafouillages, qui rappellent que le président est un ancien bègue. Loin du visage éteint et des yeux vides qui avaient choqué sur CNN, le président s’est montré solide sur les enjeux, beaucoup plus clair dans ses propos qu’il y a deux semaines, et même passionné au moment de parler du contrôle des armes à feu.

Mais cela va-t-il suffire ? À peine son débat terminé, un élu démocrate de la Chambre des représentants, Jim Himes, a retiré son soutien à Joe Biden, estimant qu’il ne serait pas apte à battre Donald Trump en novembre. Quelques minutes après lui, son collègue Scott Peters a publié un communiqué similaire attestant de l’incapacité de Biden à rivaliser face à Trump en novembre.

Le New York Times a fait les comptes : 15 représentants et 1 sénateur lui ont demandé de se désister. Sans oublier des donateurs influents du parti démocrate comme l’acteur George Clooney. Les prochains jours, voire les prochaines heures, seront déterminants pour savoir si Joe Biden a réussi à contenir l’hémorragie.

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