Avec les JO de Paris par 35 degrés, le public est peut-être plus à plaindre que les athlètes
JEUX OLYMPIQUES - Être supporter est parfois un vrai sport. Difficile de dire le contraire aux publics des épreuves des jeux olympiques qui iront voir des sports en plein soleil demain. Avec des températures annoncées flirtant avec les 35 degrés, c’est un vrai pic de chaleur qui va déferler sur l’Hexagone mardi 30 et mercredi 31 juillet, alors que 39 départements placés en vigilance orange canicule par Météo France.
Si les conséquences de ces températures sont préoccupantes pour les athlètes, ces derniers disposent de glaces, ventilateurs, de zones climatisées pour les aider à supporter la chaleur. Côté public, ce n’est pas la même histoire. Assis, parfois debout pendant plusieurs heures en plein soleil, le plus souvent dans un lieu bétonné sans zone d’ombre, le risque de coup de chaud n’est pas très loin. Voire pire.
Le public est même encore plus à risque que les athlètes, estime ainsi Basile Chaix, directeur de recherche à l’INSERM spécialiste des relations entre l’environnement, la mobilité et la santé. Pour dire cela, il se base sur une « étude réalisée aux Jeux d’Atlanta et de Pékin en 2008 qui montrent que le risque de coup de chaleur était 4 à 68 fois plus important chez le public que chez les athlètes ». Dans ces cas-là, les athlètes font face au stress thermique.
À 35 °celsius, on est déjà en danger
Le stress thermique est un phénomène causant l’augmentation de la chaleur interne d’un organisme à cause d’un environnement chaud. Les effets sur le corps humain sont multiples entre la déshydratation, les difficultés de circulation sanguine, un pouls rapide, des crampes, de l’épuisement, des insolations mais aussi et surtout des problèmes cardiovasculaires. Le stress thermique peut également s’avérer mortel (dans 15 à 25 % des cas) comme l’explique une étude menée à l’université d’Hawaï, publiée en 2018.
Les personnes les plus à risque sont les jeunes et les personnes âgées. Avec le réchauffement climatique, le bilan ne cesse de s’alourdir. En 2023 en France, plus de 5 000 personnes sont décédées à cause de la chaleur. Cette même année, l’Europe a subi un nombre de jours records de « stress thermique extrême ». Car ils se déroulent au cœur de l’été, le stress thermique est un serpent de mer des JO, qui ne cesse de prendre de l’épaisseur avec le changement climatique.
Il y a les scènes terribles d’athlètes en détresse, dont Yohann Diniz, lors de l’épreuve des 50 km marche à Rio en 2016. Cinq ans après, les jeux olympiques de Tokyo ont été les plus chauds de l’histoire, avec pas moins de 50 coups de chaud recensés parmi les athlètes. Et pour cette édition, il n’y avait pas de public. À l’inverse, les stades parisiens sont remplis pour cette édition des jeux, et la chaleur annoncée dans les prochains jours risque de faire des dégâts.
Ville polluée et humide, le facteur aggravant
Avec une température de 35 degrés, on parle d’un stress thermique fort voire très fort. Les deux autres catégories sont modérées (au-dessus de 26 °C) et extrême (lorsque la température dépasse les 46 °C). Ce classement ne se base pas que sur la chaleur, et est aussi influencé par la vitesse du vent, l’ensoleillement ou encore la chaleur émise par l’environnement.
À Paris, la ville est bétonnée, le goudron au sol absorbe davantage les rayonnements solaires transformant la ville en fournaise par temps caniculaire. Et ça, c’est sans compter l’humidité. Précisément, on parle de température humide, à savoir le mix entre le taux d’humidité et la chaleur.
Quand l’humidité de l’air est élevée, elle empêche la sueur de s’évaporer et donc l’organisme de réguler sa température. Il suffit de six heures d’exposition à 35 °C avec un taux d’humidité de 100 % pour tuer une personne en bonne santé. Si demain le taux d’humidité n’est pas à 100 %, il est ces derniers jours plutôt haut en raison des récentes pluies.
S’hydrater, s’abriter... Et manger léger
La situation est d’autant plus à prendre au sérieux que les organismes « ne sont pas prêts à un pic de chaleur » estime Janne Bouten, postdoctorante à l’Institut national du sport, de l’expertise, et de la performance (Insep). Même son de cloche pour le médecin du sport, le docteur Gilles Mondoloni.
« Lorsqu’il fait chaud depuis un certain temps, notre corps est habitué ce qui fait que notre transpiration ne nous vide pas de notre eau et de nos minéraux. À l’inverse pour les personnes qui ne sont pas habitués, transpirer signifie perdre beaucoup d’eau et de minéraux, ce qui déstabilise notre organisme. » Le médecin du sport parle entre autres de coups de chaud ou encore de malaises. Pour se prémunir de tout risque, il est donc conseillé de s’hydrater, souvent, et de ne pas attendre la sensation de soif. « Mieux faut se mettre à l’ombre, porter des couvre-chefs et se placer le plus au frais lorsque c’est possible », ajoute Gilles Mondoloni.
Dernier point, mieux vaut éviter pour les supporters de manger une gigantesque barquette de frites. Plus on mange lourd, moins les ressources du corps sont dirigées à la thermorégulation de la peau (comme la transpiration), mais plutôt vers la digestion. Il est donc conseillé de s’orienter vers des repas légers, profitant des fruits et légumes de saison. Faire un malaise à cause d’une barquette de frites trop copieuse et rater à cause de cela une médaille française, ce serait dommage.
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