JO Paris 2024 : Romane Dicko et Ilona Maher nous rappellent qu’il n’y a pas de « physique de sportive »
JEUX OLYMPIQUES - Même quand elles participent aux Jeux Olympiques, il y a toujours quelqu’un pour faire des remarques sur le physique des femmes. Sur les réseaux sociaux, deux athlètes féminines ont partagé les critiques grossophobes qui font partie de leur quotidien de sportives.
Ces personnes grosses aimeraient pouvoir faire du sport sans avoir à subir de grossophobie
Romane Dicko, championne du monde et médaillée olympique en judo et Ilona Maher, membre de l’équipe olympique américaine de rugby, ont choisi d’utiliser ces commentaires négatifs pour faire passer un message : il n’y a pas de « physique de sportif », et tous les corps sont légitimes à bouger et à performer.
« Je suis considérée en surpoids et je vais aux JO, pas vous »
Sur TikTok, le contenu d’Ilona Maher est souvent teinté d’humour. Auprès de ses 1,7 million d’abonnés, elle partage ses tenues, ses entraînements, mais aussi de nombreux messages « body positive ». L’athlète le raconte avec transparence, elle est régulièrement la cible de commentaires qui estiment que son apparence n’est pas celle d’une sportive de haut niveau. Dans la vidéo ci-dessous, par exemple, elle répond à une personne qui se moque de son IMC (indice de masse corporelle).
« Cette personne essaie de se moquer de moi mais c’est un fait : j’ai un IMC à 30, ou plus exactement 29,3 », explique la professionnelle du rugby. Or, l’indice de masse corporelle, qui croise la taille et le poids, classe les corps en plusieurs catégories : en dessous de 18,5, une personne est en « sous-poids », entre 18,5 et 25, elle est « normale », entre 25 et 29,9, elle est « en surpoids » et au-dessus de 30, elle est en « obésité ». Un calcul considéré comme peu pertinent par de nombreux professionnels de santé, notamment parce qu’il ne prend pas en compte la différence entre masse musculaire et masse grasse dans le corps.
Ce chiffre n’a donc aucun rapport avec la capacité de faire du sport à haut niveau, comme le rappelle Maher. « J’ai été considérée comme en surpoids toute ma vie, raconte-t-elle dans sa vidéo. J’en ai parlé avec mon diététicien parce que je me base sur des faits (et pas sur ce qui me passe par la tête), et on a parlé du fait que l’IMC n’est pas utile pour les athlètes. […] L’IMC ne vous dit pas grand-chose. […] Il ne vous dit pas ce que je fais sur le terrain, à quel point je suis en bonne santé. Deux nombres mis ensemble ne vous donnent pas ma masse musculaire… » Et de conclure, en raillant la personne à l’origine du commentaire : « J’ai un IMC de 30, je suis considérée comme en surpoids et je vais aux Jeux Olympiques. Et pas vous. »
« C’est fou comme le sport est associé à la perte de poids »
Du côté des Françaises, même combat. Romane Dicko, championne du monde de judo et plusieurs fois médaillée olympique a pris la parole à plusieurs reprises à ce sujet sur son compte TikTok pour rappeler qu’on peut « avoir des bourrelets » et faire du haut niveau, en réponse à de nombreux commentaires méprisants sur son physique. Dans une autre vidéo, elle a déploré l’association entre les performances sportives et le culte de la minceur.
« La personne insinue que comme je n’ai pas d’abdos, comme je ne suis pas sèche, je ne fais pas de sport, souligne-t-elle en réponse à une attaque visant son corps dans la vidéo ci-dessus. Je suis sportive de haut niveau donc je m’entraîne deux fois par jour. Parce que je ne suis pas sèche, je n’ai pas le physique de quelqu’un qui s’entraîne ? C’est fou comme le sport est hyper associé à la perte de poids, il est associé à un physique, à un gabarit alors que pas du tout. » Pour elle, comme pour Ilona Maher, il est évident que tous les corps sont légitimes sur les terrains de sport en tout genre.
La joueuse de rugby américaine a d’ailleurs profité de l’ouverture des Jeux Olympiques pour faire passer un message à son public. Dans une vidéo publiée le 27 juillet 2024 et intitulée « Tous les types de corps peuvent être olympiques », elle a demandé à son audience la chose suivante : « Alors que les JO commencent, je veux que vous regardiez tous les types de corps exposés », avant de poursuivre : « Tous les corps sont importants, tous les corps sont méritants. De la plus petite gymnaste à la plus grande joueuse de volley, des joueurs de rugby aux sprinteurs, tous les types de corps sont beaux et peuvent faire des choses incroyables. Vraiment, voyez-vous dans ces athlètes et dites-vous que vous pouvez le faire aussi. »
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