JO de Paris 2024 : le montant de la prime des médailles et l’impôt qui va avec font enrager David Douillet

Bien que rehaussée pour les JO de Paris, la prime des athlètes français médaillés est bel et bien soumise à l’impôt sur le revenu.
THOMAS SAMSON / AFP Bien que rehaussée pour les JO de Paris, la prime des athlètes français médaillés est bel et bien soumise à l’impôt sur le revenu.

JO PARIS 2024 - Pauline Ferrand-Prévot, Kauli Vaast, mais aussi Camille Jedrzejewski et Amandine Buchard… Ces athlètes français ont tous remporté une médaille aux JO de Paris 2024 et recevront donc une prime, dont le montant sera différent selon la couleur de leur breloque à l’issue des Jeux (et donc le nombre de podium de chaque athlète, n’est-ce pas Léon Marchand ?).

Le tableau des médailles des JO de Paris 2024 actualisé en direct, épreuve après épreuve

Pour « PFP » et le nouveau champion olympique de surf Kauli Vaast, c’est une prime de 80 000 euros qui est prévue, contre 40 000 euros pour la tireuse Camille Jedrzejewski, médaillée d’argent. Et 20 000 euros pour la médaille de bronze de la judoka Amandine Buchard (qui a par ailleurs reçu une médaille d’or comme ses 13 compères de l’équipe de France de judo grâce à leur titre dans le tournoi mixte par équipes). Sauf que cette somme (brute), fixée par un arrêté publié au Journal officiel le 30 janvier dernier, est imposable.

« Dans des petits sports, c’est immense »

Une incohérence majeure selon l’ancien ministre des Sports et double champion olympique de judo David Douillet. Interrogé RMC Sport ce mardi 6 août, l’ex-judoka reconnaît d’emblée que le montant des primes peut déjà « peut paraître beaucoup d’argent », surtout en comparaison avec un petit salaire. Toutefois, il rappelle que si « pour certains athlètes, c’est de l’argent de poche, pour d’autres, dans des petits sports, c’est immense ».

Là ou ça coince vraiment pour David Douillet, c’est avec la décision d’imposer les athlètes médaillés sur leur prime. « Fiscaliser ça ? Je trouve que c’est une honte », a-t-il lâché après avoir estimé que les trois montants fixés par le ministère des Sports étaient « ridicules ».

« Il faut prendre conscience d’une chose : quand un athlète touche 80 000 euros, vous savez combien de temps il met pour avoir sa breloque ? Entre 10 et 15 ans. Et c’est plutôt 15. Si tu étales 80 000 euros sur 15 ans, tu verras ce que c’est… », ajoute l’ancien député. « Et en plus tu dois payer des impôts là-dessus ? C’est scandaleux. »

Une enveloppe de 18 millions d’euros

Pour bien comprendre cette colère froide venue d’un athlète détenteur de trois médailles olympiques, il faut revenir à la source de ces primes et de l’impôt qui va avec. En 2021, à Tokyo, un médaillé d’or français touchait 65 000 euros, contre 25 000 pour l’argent et 15 000 pour le bronze. Revues de 15 000 euros à la hausse pour ces JO à domicile, les primes des athlètes et de leur staff représentent une enveloppe totale de 18,64 millions d’euros allouée par l’État, correspondant à 138 médailles réparties entre Jeux olympiques et Jeux paralympiques.

Après 11 jours d’épreuves sur 16, la France compte déjà 48 médailles (13 en or, 16 en argent et 19 en bronze), dépassant largement son record moderne de 43 breloques à Pékin. L’enveloppe du ministère a donc été amputée d’un tiers (plus de six millions d’euros déjà assurés aux médaillés) au moment d’entamer la dernière semaine d’épreuves. D’autant que les victoires collectives du sport français (médaille d’or par équipe pour le judo, pour le rugby à VIII ou pour les Bleus en finale olympique de football vendredi) peuvent faire grimper la note totale de manière considérable.

Il faut ajouter un dernier paramètre, qui concerne certains athlètes comme Léon Marchand ou Teddy Riner, multimédaillés à Paris. Comme l’indique le ministère des Sports à franceinfo, ces primes sont cumulables, ce qui donne 160 000 euros pour le judoka et même 340 000 euros pour le nageur star à l’issue des Jeux.

Des primes soumises à l’impôt depuis 2021

À cela s’ajoute donc la fiscalisation de la ou des primes reçues. Une mesure remise au goût du jour lors des JO de Tokyo après avoir été supprimée en 1992. Tout en étant régulièrement appliquée, comme aux JO de Londres 2012.

Comme l’explique Le Parisien, les athlètes ayant obtenu une prime aux JO de Paris seront donc imposés dessus l’année prochaine, selon le barème progressif et après abattement de 10 % ou déduction des frais réels. Le journal donne l’exemple d’un athlète médaillé d’or, qui touchera 80 000 euros de prime. Dans le cas où ses autres revenus le positionnent déjà à un taux marginal d’imposition de 30 %, il devra verser 21 600 euros au fisc.

Si les athlètes peuvent profiter du dispositif d’étalement, permettant d’échelonner la somme à payer sur quatre ans, il existe aussi un régime spécial pour les athlètes français vivants hors de France. Ces derniers sont en effet exonérés d’impôts sur le revenu. Dans leur cas, ils ne paieront que 15 % d’impôts sur la prime de leur médaille, comme le précise l’arrêté relatif au versement des primes aux médaillés français. Tout sauf une bagatelle pour certains athlètes évoluant dans des sports peu rémunérateurs.

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