JO de Paris 2024 : pourquoi Le Coq Sportif, l’habilleur de l’équipe de France, a donné des sueurs froides aux organisateurs

L’équipementier français, gagnant de l’appel d’offres il y a plus de quatre ans, a dû relever un défi de taille malgré sa situation précaire.

Le Coq Sportif a donné des sueurs froides aux organisateurs (Crédit : REUTERS/Sarah Meyssonnier)

Pas d’inquiétude, les sportifs français seront bien habillés pour les Jeux olympiques et paralympiques. Choisi en 2020 par le comité d’organisation des JO de Paris pour être l’équipementier de l’équipe de France, le Coq Sportif a terminé de livrer ses dernières tenues début juillet à moins d’un mois de la cérémonie d’ouverture. Ce timing serré a donné quelques sueurs froides aux organisateurs, inquiets de voir la marque tricolore engluée dans les problèmes financiers.

Appelé à habiller les 571 athlètes français sur la ligne de départ, leur staff, ainsi que les officiels et les arbitres, le producteur de vêtements et chaussures de sport a enchaîné les mauvaises nouvelles même si déjà au moment de sa désignation, les doutes sur sa solidité financière subsistaient. Depuis le début, la signature du Coq sportif sur ce marché-là a été une surprise. Interrogé par Libération, l’économiste du sport Christophe Durand a rappelé que le partenariat entre le comité d’organisation de Paris 2024 et le Coq Sportif avait été une "surprise". "C’est une jolie marque, marquée par l’histoire de Yannick Noah. Mais pour livrer 150 000 pièces, il faut être un gros. Nike ou Adidas savent faire, ils traitent des millions de pièces par an et ont des partenariats avec beaucoup de gros clubs", insiste Christophe Durand.

Au total, 400 000 pièces ont finalement été livrées soit 68 articles par athlète. Beaucoup ont pensé - ou pensent toujours - que cette commande olympique était un trop gros morceau pour la marque qui a pourtant un savoir-faire dans le domaine pour avoir équipé, sans interruption et tous sports confondus, les champions tricolores aux Jeux olympiques de 1912 à 1972.

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En réalité, les crispations sont assez récentes et viennent en partie de la suspension début juin de la Bourse suisse de la holding Airesis, maison mère du Coq Sportif. En cause, un retard dans la publication des résultats financiers et surtout des pertes pour l’année 2023 qui s’élèvent à 37 millions d’euros, contre 2 millions l’année précédente. Dans le rouge et en proie à de grandes difficultés mettant en péril la livraison des tenues, le Coq Sportif parvient à obtenir un prêt de 2,9 millions d'euros auprès du comité d'organisation des Jeux olympiques (COJO). "Oui, on a eu un petit coup de main de Paris 2024 parce que l'on est dans la même équipe et que le plus important pour nous, c'est que les sportifs aient les meilleurs équipements", confirme à France 3 Grand Est, David Pécard, le directeur du Coq Sportif.

Pour rembourser ce prêt qui vient s’ajouter aux pertes, le Coq Sportif mise évidemment sur le succès des ventes dans les boutiques officielles. L’équipementier français souhaite aussi profiter de son exposition sans précédent jusqu’à la fin des Jeux paralympiques comme tremplin pour briller hors de nos frontières pour s’exporter, alors que l’écrasante majorité de son chiffre d’affaires se fait dans l’Hexagone.

Créée dans l’Aube en 1882 par Émile Camuset, un passionné de sport, la marque, plombée par la concurrence, est passée tout près de la disparition dans les années 1990 avant son rachat en 2005 par l’homme d’affaires suisse que les amoureux de l’OM connaissent bien, Robert Louis-Dreyfus. Depuis, l’entreprise a relocalisé sa production en France et espère continuer à être un acteur majeur de l’olympisme tricolore. Avec moins de frayeur dans la livraison pour les prochains Jeux à Los Angeles ?