Joël Guerriau, soupçonné d’avoir drogué la députée Sandrine Josso, ne reviendra pas tout de suite au Sénat

Lors de sa garde à vue, Joël Guerriau (ici en février 2020)a invoqué de nombreux problèmes personnels, dont la mort de son chat, pour expliquer la présence d’ecstasy chez lui, révèle « Médiapart ».
HANDOUT / AFP Lors de sa garde à vue, Joël Guerriau (ici en février 2020)a invoqué de nombreux problèmes personnels, dont la mort de son chat, pour expliquer la présence d’ecstasy chez lui, révèle « Médiapart ».

POLITIQUE - Pas de démission… mais pas non plus de retour immédiat au palais du Luxembourg. Le sénateur Joël Guerriau, soupçonné d’avoir drogué la députée Sandrine Josso afin de l’agresser sexuellement, a annoncé ce mercredi 25 septembre au président de la Chambre haute qu’il ne siégerait « plus jusqu’à nouvel ordre » dans l’hémicycle, acceptant de « se mettre en retrait de ses fonctions » exécutives, a affirmé l’entourage de Gérard Larcher à l’AFP.

Dans la lutte contre les violences faites aux femmes, la soumission chimique est un angle mort

Joël Guerriau, interrogé mardi au tribunal de Paris dans cette affaire, occupait le poste de secrétaire du Sénat ainsi que celui de vice-président de la commission des Affaires étrangères. Des fonctions desquelles il a donc démissionné.

Selon Ouest France, le sénateur a envisagé mi-septembre un retour sur les bancs du Sénat, suscitant un tollé dans son parti Horizons dont il a été suspendu. Le rendez-vous avec Gérard Larcher devait aborder son avenir au Palais du Luxembourg, le président de la Chambre haute disant publiquement son souhait qu’il démissionne. « Gérard Larcher lui a demandé de démissionner de son mandat mais n’a pas reçu de réponse » à ce sujet, a indiqué l’entourage du sénateur des Yvelines.

Guerriau « conteste » les faits, de nouveaux éléments pèsent contre lui

Dans un communiqué transmis à l’AFP, Joël Guerriau « conteste les faits » qui lui sont reprochés mais dit vouloir « préserver la sérénité » du Sénat en se mettant en retrait. « À la demande du président Larcher, je démissionne ce jour de la vice-présidence de la commission des Affaires étrangères et de la Défense et me mets en retrait de la participation aux travaux parlementaires au Sénat », a écrit le sénateur mis en examen, regrettant au passage « le non-respect des grands principes de la République tels que la présomption d’innocence ».

En novembre 2023, le témoignage de la députée MoDem Sandrine Josso a mis en lumière le phénomène de la soumission chimique, trop souvent oublié dans la lutte contre les violences faites aux femmes. La députée avait raconté s’être rendue chez son « ami » pour fêter sa réélection au Sénat. Se sentant mal après une coupe de champagne et après avoir vu le sénateur avec « un sachet blanc dans la main », elle avait réussi à quitter les lieux et à prévenir la police. Selon des analyses toxicologiques dont l’AFP a eu connaissance mercredi, elle avait alors 388 ng/mL d’ecstasy dans le sang.

En garde à vue, le sénateur de Loire-Atlantique avait invoqué des épreuves personnelles, dont la mort de son chat et la maladie d’un proche, qui l’auraient incité à se procurer un « euphorisant » auprès d’un autre sénateur pour sa propre consommation. Il a assuré ne pas savoir qu’il s’agissait d’ecstasy.

L’expertise de son téléphone a cependant révélé des consultations en ligne autour du viol et des drogues, dans la matinée et la soirée du 9 octobre, soit un peu plus d’un mois avant les faits dénoncés par Sandrine Josso, d’après des éléments de l’enquête dont l’AFP a eu connaissance.

La vingtaine de recherches, parmi lesquelles « point de vente GHB » ou « GHB effets lendemain », alourdissent les suspicions à son encontre, contrastant avec ses précédentes déclarations. « M. Guerriau réserve uniquement ses explications à la justice », ont réagi auprès de l’AFP ses avocats Mes Henri Carpentier et Marie Roumiantseva, sans confirmer la teneur de son interrogatoire devant la juge d’instruction.

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