Comment la jeunesse de Mantes a été mise à genoux

Extrêmement choquante, l’image des 150 lycéens parqués dans un terrain vague, mains sur la tête, a enflammé les réseaux sociaux et attisé le mouvement couvant dans les établissements scolaires. «Libération» est retourné à Mantes-la-Jolie pour retracer la journée où le maintien de l’ordre a basculé dans l’humiliation massive.

Une mère de famille se souvient de son angoisse de jeudi dernier. Et aussi du labyrinthe. Son fils de 17 ans, élève du lycée Saint-Exupéry de Mantes-la-Jolie, était injoignable dans la matinée. Alors elle a activé la géolocalisation de son portable, lequel indiquait sa présence tout près de l’établissement. Après, tout a vrillé. La police, la garde à vue, les images de 151 adolescents à genoux les mains sur la tête, et la médiatisation, alors qu’elle attendait des nouvelles au commissariat de Trappes, à une cinquantaine de kilomètres de chez elle. Elle dit : «Toute la nuit, il a attendu qu’on vienne le chercher. Il croyait qu’on ne voulait plus de lui à la maison.» Puis : «Est ce que les enfants qu’on a envoyés à l’école jeudi matin sont les mêmes que ceux qu’on a récupérés le vendredi ? Seuls les plus forts vont arriver à passer au-dessus de tout ça. Mais les autres ? Cette histoire, ils vont la garder en eux.»

Jeudi 6 décembre, ces 151 jeunes, dont le moins âgé a 13 ans, ont été interpellés par les forces de l’ordre. Ils sont restés agenouillés plusieurs heures les mains sur la tête - un élément contesté par les autorités, mais répété par des lycéens et les témoins. Avant d’être transférés dans différents postes de police du département. Tout s’est passé dans un espace aux allures d’enclos, en face de Saint-Exupéry, à quelques mètres du bâtiment des Restos du Cœur et d’un autre lycée, Edmond-Rostand. A la fin, l’écrasante majorité des adolescents n’a reçu qu’un simple rappel à la loi. Ce qui équivaut pour Arié Alimi, l’avocat des familles - dont certaines s’apprêtent à déposer plainte - à la preuve absolue d’un raté.

Une séquence vidéo, qui a (...)

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