Ces jeunes médecins qui fuient l'hôpital

"Merci Emilie!" C'est le cri du cœur d'un amoureux fou de ­l'hôpital public à l'un des meilleurs jeunes médecins de son équipe. Jean-Luc ­Jouve, qui se caricature en "vieux chirurgien de 60 ans", est tellement soucieux de ne pas se laisser "piquer" les opérations banales par les cliniques ­alentour que, chaque samedi, il tient consultation, seul, dans sa tour de la Timone. "Il faut s'adapter au rythme des familles", dit le chef du pôle pédiatrique du grand CHU marseillais. Mais cette guerre de position contre le privé n'est pas la seule qu'il ait à mener. "Emilie est une exception, se désole-t-il. Les jeunes s'en vont!"

"

Vous formez quelqu'un pendant des années et, à la fin, il part exercer en ville

"

Dans les hôpitaux publics, on s'inquiète depuis plus de cinq ans du départ de nombreux anesthésistes, de pontes de l'orthopédie ou de l'urologie mais, jusqu'à présent, des spécialités complexes comme la sienne - la chirurgie du cancer des os de l'enfant - semblaient épargnées. "On est touchés aussi", assure-t-il. Peu importe que son service truste la première place du palmarès 2019 des hôpitaux et cliniques du Point dans sa catégorie ; les sirènes du privé attirent nombre d'apprentis médecins. "Vous formez quelqu'un pendant des années et, à la fin, il part exercer en ville, fulmine Jean-Luc ­Jouve. C'est compréhensible : l'écart des salaires ne cesse d'augmenter. Il est maintenant de un à dix."

Lire aussi - Grève des blouses blanches jeudi : "Comment prendre soin des autres sans...


Lire la suite sur LeJDD