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Ces jeunes femmes ont décidé de se faire stériliser et nous expliquent pourquoi

Ces femmes sont jeunes mais ont décidé de sauter le pas de la stérilisation contraceptive définitive. Elles nous expliquent ce qui a motivé leur décision et comment elles sont parvenues à la faire respecter du corps médical et de leur entourage.

Getty Images
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En couple avec son compagnon depuis près de 10 ans, Nirina souhaite se faire stériliser. À 31 ans, celle qui n'a jamais voulu d'enfant aborde l'opération comme un acte responsable et conscient. “Pour moi, faire un enfant n'est pas envisageable dans le monde d'aujourd'hui. Nous sommes déjà bien trop sur terre, alors je préfère encore adopter que faire un enfant”, pense-t-elle, rejoignant-là la philosophie des Ginks. Amélie, elle, a franchi le pas pour une toute autre raison : la peur de tomber enceinte sans s'en rendre compte. Et pour cause, la trentenaire a par le passé fait deux dénis de grossesse. “Stérilet, implant, pilule, rien n'était efficace. Il a donc fallu trouver une solution radicale à tous ces problèmes”, raconte celle qui s'est fait opérer il y a quelques mois, encouragée par son mari.

"Trois garçons à la maison, c'est du sport. Avec mon conjoint on voulait au départ en avoir un en commun, mais j'ai été refroidie. Au point qu'en avoir un accidentellement aurait vraiment été insupportable"

Cindy, elle aussi, était particulièrement inquiète à l'idée de retomber enceinte. Un “comble” pour celle qui était passée par la PMA pour avoir un enfant. Formant une famille recomposée avec son conjoint et leurs enfants respectifs, elle craignait de ne pas pouvoir gérer un nouvel arrivant. Cela s'était même transformé en véritable angoisse. “Trois garçons à la maison, c'est du sport. Avec mon conjoint on voulait au départ en avoir un en commun, mais j'ai été refroidie. Au point qu'en avoir un accidentellement aurait vraiment été insupportable”. Elle s'est fait stériliser définitivement en octobre 2019. Très déterminée, la jeune femme n'a pas rencontré de difficultés particulières pour faire respecter sa décision. Sa gynécologue lui a fait signer un livret, avant de la réorienter vers un confrère qui opérait plus près de chez elle. Elle a pu se faire stériliser à peine quelques mois plus tard.

En France, 40 000 femmes se font stériliser définitivement chaque année

Comme elle, 40 000 femmes réalisent chaque année en France une contraception définitive, via les méthodes autorisées : la ligature des trompes, l'électro-coagulation et la pose d'anneaux ou de clips. Mais toutes n'ont pas la chance de pouvoir bénéficier de l'opération facilement. Pour Amélie, six ans se sont écoulés entre le moment où elle a commencé à parler de stérilisation définitive et le jour de l'opération. Avant qu'elle ne déménage dans sa région actuelle, les quatre gynécologues qu'elle a consultés la jugeaient tous trop jeune et craignaient qu'elle ne regrette sa décision si elle changeait de conjoint dans l'avenir. “Je leur répondais : 'dans 10 ans, je peux faire ma vie avec quelqu'un d'autre, ça ne changera pas le problème. Je ne vois pas me replonger dans les couches alors que mes grands seront majeurs”. Si sa demande a fini par porter ses fruits, une seule option lui a finalement été proposée : la stérilisation par clips. Une technique qui consiste à obstruer les trompes plutôt qu'à les ligaturer.

"Beaucoup essaient de me faire changer d'avis et me trouvent extrême, alors que je suis plutôt du genre bienveillant voire hypersensible"

Nirina, elle aussi, se voit mettre beaucoup de bâtons dans les roues, en raison de sa jeunesse mais surtout du fait qu'elle n'a pas d'enfant : “Les médecins me disent que je peux encore changer d'avis”. Une situation difficile à supporter pour celle qui a bien mûri sa décision, et qui n'est pas sans ignorer la loi du 4 juillet 2001. Cette loi relative à l’interruption volontaire de grossesse et à la contraception autorise l'accès à la stérilisation définitive, sans condition de nombre d'enfants et de statut marital. Seules obligations : avoir 18 ans, être en pleine capacité de conscience et respecter un délai de réflexion de 4 mois entre la demande initiale et le moment où l’on se fait opérer. La loi de 2001 stipule en outre qu'un consentement écrit de la part de la patiente est requis.

Un entourage parfois maladroit voire incompréhensif

Auprès de leur entourage aussi, leur choix a parfois eu du mal à passer. Nirina, qui exerce comme tatoueuse, recueille souvent l'étonnement de ses clients lorsqu'elle se confie à eux sur le sujet. “Beaucoup essaient de me faire changer d'avis et me trouvent extrême, alors que je suis plutôt du genre bienveillant voire hypersensible”, explique-t-elle. S'ajoutent à cela sa sœur qui ne parvient toujours pas à comprendre, et sa belle-mère, qui l'a taxée “d'égoïste”. Une critique vexante, que Nirina juge infondée. “Peut-être qu'avant, le but de la vie était d’être marié et d'avoir des enfants, mais le monde change...”. Si elle admet que ces réflexions l'ont un temps fait douter, elle parvient aujourd'hui à se connecter à ses propres envies, sans se laisser perturber.

"“Des milliers de femmes n’arrivent pas à avoir d’enfant et je compatis à 100% avec elles [...] Mais nous faisons ce que nous voulons de notre corps ! Personne n’a à juger ! ”"

De son coté, Amélie a conscience que son choix peut choquer. “Des milliers de femmes n’arrivent pas à avoir d’enfant et je compatis à 100% avec elles [...] Mais nous faisons ce que nous voulons de notre corps ! Personne n’a à juger ! ”. La mère de famille doit aussi régulièrement justifier pourquoi c'est elle qui s'est fait stériliser, et non son conjoint. “Si ce n'était pas moi qui m'étais fait opérer, je ne me serais pas sentie aussi libérée”, explique la jeune femme, qui a décidé une fois l'opération passée de partager son expérience sur les réseaux sociaux. Auprès de ses 14 000 abonnés, l’autrice du blog Famille débordée ou pas n’a récolté que des retours bienveillants. Malgré quelques petits soucis durant l'opération et une légère cicatrice qui s'estompera avec le temps, elle ne regretterait pour rien au monde sa décision. D'autant plus que l'arrêt des contraceptifs et sa tranquillité d'esprit retrouvée ont provoqué un retour en flèche de sa libido. “Le fait qu'il n'y ait plus cette peur de tomber enceinte doit jouer... “, admet-elle.

Plus de bébé ne signifie pas “plus de projet”

Amélie est aujourd'hui heureuse et soulagée de savoir que sa famille est désormais formée et ne s'agrandira jamais. Aux personnes qui lui demandent si elle va faire un “petit 4ème”, elle est d'ailleurs fière de pouvoir rétorquer : “Non c'est terminé, on est sûr qu'on a en n'aura plus jamais !” Une réplique qui leur cloue le bec, selon la maman qui s'amuse alors de leur mine décontenancée. Cindy, qui n'a pas eu d'enfant commun avec son compagnon actuel, sait elle aussi à présent avec certitude qu'ils n'en auront jamais. Une perspective qui la rassure, d'autant plus que le couple ne manque vraiment pas de projets. Les deux amoureux font construire leur maison, ont prévu de beaux voyages et comptent se marier en 2022. “Ce sont nos bébés à nous !”, s'exclame celle qui prouve que l'on peut bâtir en couple sans enfanter.

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