"J'en ai la chair de poule": ces enquêteurs qui traquaient "Le Grêlé" réagissent à son identification

François Verove, identifié comme le tueur en série
François Verove, identifié comme le tueur en série

La mort de François Vérove met fin à un mystère policier qui a duré 35 ans. Les analyses ADN prouvent que l'homme de 59 ans, qui s'est suicidé au Grau-du-Roi (Gard) ce mercredi, est bien le "Grêlé", ce meurtrier et violeur recherché depuis 1986. Les différents enquêteurs qui ont travaillé pendant des années pour tenter de l'appréhender ont réagi sur notre antenne à son identification et à sa mort.

C'est une "grande victoire pour la police judiciaire, ça montre que quand on est investi, on arrive à des résultats", s'est félicité Bernard Pasqualini, ancien policier de la brigade criminelle de Paris qui a enquêté sur le meurtre de Cécile Bloch. Le 5 mai 1986, la fillette de 11 ans est violée et tuée dans le sous-sol de son immeuble alors qu'elle partait pour l'école.

Une scène de crime marquante

"J'en ai la chair de poule, je suis partagé entre une grande satisfaction et une tristesse pour Monsieur et Madame Bloch. Ils n'auront jamais su qu'on a pu identifier l'assassin de leur fille", a réagi Bernard Pasqualini, ému, sur notre antenne jeudi soir. Une émotion partagée par André Bizeul, ancien commissaire divisionnaire, qui avait enquêté sur le double meurtre de Irmgrad Mueller, 20 ans, et Gilles Politi, 38 ans en 1987.

"J'en ai vu des centaines, des scènes de crime de tout genre, mais celle-là m'avait profondément marqué", se remémore l'ancien enquêteur sur BFMTV ce vendredi. Il se souvient particulièrement de "cette fille crucifiée dont les grands cheveux noirs cachaient, en fait, un étranglement avec une ceinture et un grand coup de couteau dans la gorge qui avait des brûlures sur les seins."

Une enquête "exceptionnelle"

Tout comme son collègue Bernard Pasqualini, l'ancien commissaire divisionnaire se félicite de cette identification. "Il y a à la fois l'ADN, c'est formidable, mais s'il n'y avait pas eu le travail des enquêteurs après, on ne débouchait sur rien", souligne-t-il.

"C'est une enquête "exceptionnelle", estime Alain Vasquez.

"C'est quand même l'aboutissement, pour ma part, de vingt années d'enquête parce que j'ai quitté la police maintenant mais j'ai travaillé vingt ans sur l'affaire Politi-Mueller", explique l'ancien chef du groupe d'investigation à la brigade criminelle qui évoque une "sorte de soulagement".

De nombreuses questions sans réponse

Les trois enquêteurs, s'ils se félicitent de cette avancée, ont encore de nombreuses questions. "Ça a procuré beaucoup de curiosité de ma part sur qui était cette personne, qu'est-ce qu'on allait apprendre, qu'est-ce qu'on allait savoir sur lui", souligne Alain Vasquez.

"Cet homme est maintenant hors d'état de nuire mais je suis curieux de savoir son parcours, était-il gendarme quand il a tué cette petite fille ou alors est-il rentré dans la gendarmerie quand il a appris les progrès de l'ADN?", abonde Bernard Pasqualini. Avant de conclure: "il y a beaucoup de questions et malheureusement beaucoup resteront sans réponse."

Article original publié sur BFMTV.com