Publicité

Jeff Reine-Adélaïde, l’exil bénéfique

Transféré cet été du SCO d’Angers à l’Olympique Lyonnais pour 25 millions d’euros, Jeff Reine-Adélaïde (21 ans) a fait forte impression en Ligue des Champions avec les Gones face au Zenith. L’heure de la confirmation pour l’ancien Gunner ?

Jeff Reine-Adélaïde, l’exil bénéfIque (AFP).
Jeff Reine-Adélaïde, l’exil bénéfIque (AFP).

26 juillet 2015, Emirates Cup. Après avoir étrillé Lyon (6-0), Arsenal s’impose 1-0 face à Wolfsburg. Une rencontre amicale banale, sauf pour Jeff Reine-Adélaïde qui fête sa première titularisation avec les Gunners. Sacré champion d’Europe avec les U17 tricolores, le Français vient de quitter son club formateur, le RC Lens, pour rejoindre Arsenal. "Il n’a que 17 ans et semble très prometteur, mais il a besoin de travailler avec nous dès maintenant pour passer une année avec l'équipe première, jouer avec les moins de 21 ans et progresser. Il a un potentiel fantastique ici et il va rester avec nous", déclarait à l’époque Arsène Wenger.

Malgré la confiance et les louanges de son coach, Reine-Adélaïde peine à se faire une place chez les Canonniers. Le natif de Champigny-sur-Marne possède de vraies qualités offensives : explosivité, technique, dribble, vitesse d’exécution, mais pèche encore dans le dernier geste et manque clairement d’efficacité pour un ailier. En trois saisons à Londres, il passe la majeure partie de son temps avec la réserve d’Arsenal et ne dispute que huit rencontres avec l’équipe première. En janvier 2018, les Gunners décident alors de prêter leur pépite française à Angers lors du dernier jour du mercato hivernal. Durant ce prêt, Jeff Reine-Adélaïde dispute dix rencontres avec le SCO et charme son directeur sportif - Olivier Pickeu - et son entraîneur - Stéphane Moulin -, qui décident de s’attacher ses services pour 1,5 million d’euros (hors bonus) et ce en dépit d’une ligne de statistique restée vierge (0 but et 0 passe décisive).

C’est un coup de maître

Le joueur s’engage pour 4 ans avec le club angevin. “Je peux vous dire que je ne l'aurais pas vendu à Angers pour ce montant. Ils se sont bien engouffrés dans la faille”, déclare alors Arsène Wenger qui vient de quitter son poste d’entraîneur d’Arsenal. Toujours aussi peu efficace sur son aile droite, Reine Adélaïde tarde à confirmer tous les espoirs placés en lui. Par conséquent, son coach décide de le repositionner au poste de milieu relayeur. C’est un coup de maître. Le joueur s'éclate dans le cœur du jeu et fait d’énormes différences balle aux pieds grâce à sa puissance et sa qualité technique. Son volume de jeu impressionne également. “Si je l'ai fait jouer d'abord sur un côté, c'est que quand il est arrivé, il n'était pas capable de faire ce qu'il fait aujourd'hui. Il le sait, et je lui avais expliqué à l'époque. Jouer au milieu implique des exigences, comme de répéter les efforts et ne pas se concentrer que sur les aspects offensifs”, explique Stéphane Moulin. Il boucle sa première saison pleine chez les professionnels (2018/19 : 36 matches, 3 buts et 3 passes décisives.

Courtisé par l’AS Monaco, le LOSC et l’OL, Jeff Reine-Adélaïde attaque cette saison (2019/20) sous les couleurs angevines et signe une prestation magistrale avec le SCO face à Bordeaux pour la reprise du championnat de France : 1 but et 1 passe décisive. Au-delà des statistiques, l’espoir français bluffe par son aisance technique et ses courses. ”Citez-moi un joueur capable de faire 50 mètres comme ça, balle aux pieds, avant de donner un but. Ndombele, peut-être : et il est à Tottenham et en équipe de France”, s’enflamme Olivier Pickeu après la rencontre. Ça tombe bien, Lyon doit remplacer Tanguy Ndombele… Sous l’impulsion de Florian Maurice, le club rhodanien jette son dévolu sur JRA. Montant de la transaction : 25 millions d’euros (plus 2,5M€ de bonus et un pourcentage de 15% sur la plus-value faite à la revente). “C’est une formidable nouvelle que Jeff ait choisi de nous rejoindre. On a trouvé le profil le plus proche pour remplacer Tanguy Ndombele et Nabil Fekir”, a d’ailleurs déclaré Jean-Michel Aulas en marge de sa présentation.

Il doit confirmer au plus haut niveau

À Lyon, Reine-Adélaïde débarque dans la cour des grands à 21 ans et la concurrence sera accrue. Fraîchement nommé capitaine des Espoirs, le milieu doit désormais confirmer au plus haut niveau. Son match face au Zenith en Ligue des Champions - le premier de sa carrière - confirme qu’il a les qualités pour s’imposer à ce niveau. Tout n’est pas parfait, il doit notamment encore travailler sur son efficacité dans les trente derniers mètres. Mais le talent est là, le joueur semble également savoir où il veut aller et conscient du travail à effectuer pour y arriver. En à peine une saison et demie chez les pros, il a déjà progressé de manière fulgurante. Le mot de la fin reviendra à Arsène Wenger.” On ne voit pas ce qui pourrait le limiter dans son évolution, si ce n’est lui. Ce n’est pas le cas de tous les joueurs. C’est un joueur qui devrait logiquement finir en équipe de France. Je suis content parce qu’à un moment, j’ai eu le doute de savoir jusqu’où il irait”.