EN IMAGES - Jean-Pierre Bacri, la colère zen
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Naissance en Algérie
Jean-Pierre Bacri naît à Castiglione, en Algérie, le 24 mai 1951. C’est grâce à son père, facteur la semaine et ouvreur dans un cinéma le week-end, que le futur comédien découvre le septième art. Arrivé à Cannes en 1962, c’est néanmoins à une carrière de professeur de français qu’il se destine, avant que son chemin ne bifurque, à l’âge de 23 ans. Arrivé à Paris, une amie le pousse en effet à l’accompagner dans un cours d’art dramatique. "Ce n’était pas une vocation pour moi, révèlera le comédien dans l’émission Entrée Libre en 2017." Le coup de foudre avec les planches va pourtant s’avérer immédiat. (Crédit Getty Images) - 2/10
La rencontre des mots
"J’ai découvert les textes, la littérature, l’envie de lire, lire, lire, et de jouer des personnages avec empathie, racontera-t-il au Monde en 2003. Mon père m’a toujours seriné qu’un balayeur et un président de la République, c’était la même chose. J’ai à cœur d’appliquer cette morale-là dans mon travail." Un travail qui va rapidement le conduire du théâtre au cinéma. En 1979, il joue son premier rôle au cinéma dans Le Toubib, mais c’est véritablement sa prestation de proxénète dans Le Grand Pardon en 1981 qui le révèle aux yeux du grand public. (Crédit Getty Images) - 3/10
Une rencontre décisive
En 1987 se produit le second "déclic" de sa carrière, lorsqu’il fait la rencontre d’Agnès Jaoui, peu après le tournage de L’été en pente douce. Non seulement la comédienne sera la femme de sa vie, mais elle va aussi devenir son indispensable co-auteur. "J’ai toujours aimé les dialogues, mais il n’y avait pas beaucoup de fond dans ce que j’écrivais quand j’étais seul, reconnaîtra d’ailleurs Jean-Pierre Bacri dans une interview accordée à Claire Chazal. Quand j’ai rencontré Agnès, elle ne travaillait pas beaucoup et ma carrière d’acteur commençait elle aussi à patiner un petit peu. On s’est dit qu’il fallait prendre notre vie en main et on a essayé d’écrire." Belle inspiration. (Crédit Getty Images) Yahoo Actualités, c’est mieux dans l’application
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Cuisine et… récompense(s)
Après des années de labeur, le duo parvient à accoucher de Cuisine et dépendance, en 1992. La pièce connaît un succès retentissant, et offre aux "Jacri", comme les surnommait Alain Resnais, le Molière de l’auteur. La première récompense d’une série qui comprendra en tout cinq César, dont quatre trophées du meilleur scénario avec Agnès Jaoui (pour Smoking/No Smoking, Un air de famille, On connaît la chanson et Le Goût des autres) et une fois celui du meilleur acteur pour un second rôle dans On connaît la chanson. (Crédit Getty Images) - 5/10
Humour acide et goût des travers
Sens de l’observation et humour acide : durant plus de trente ans, la recette du succès du tandem ne changera pas. À telle enseigne que Jean-Pierre Bacri se verra souvent réduit (à tort) aux personnages râleurs qu’il incarnait certes avec un indéniable talent, mais auxquels ce dernier ne se limitait pas. "Si on s’intéresse à moi, on s’aperçoit qu’il n’y a aucun rôle qui ressemble à un autre, que j’en ai joué des très différents au cours de ma carrière", se défendait-il encore sur Arte il y a quelques années. Le Molière du meilleur acteur, décroché en 2017 pour son rôle dans Les femmes savantes viendra d’ailleurs sanctionner l’étendue de sa palette. (Crédit Getty Images) - 6/10
"Refuser la tricherie"
Jean-Pierre Bacri avait en horreur les figures de héros sans relief, les "types éclatants de bonheur". Pour ce grand admirateur de Pierre Bourdieu, "traquer le vécu, la sobriété, la pudeur" et "refuser la tricherie" faisaient office d’impératif catégorique. Dans les rôles qu’il choisissait, ou ceux qu’il écrivait avec Agnès Jaoui, le comédien prenait d’ailleurs un malin plaisir à pourfendre le sectarisme culturel, le conformisme, les petites lâchetés hypocrites, et tous les faux-semblants derrière lesquels l’être humain se dissimule si souvent. "J'ai un problème avec la séduction, avait-il expliqué au Monde en 2003. Dès que je vois quelqu'un qui en fait des tonnes pour se montrer sympathique, je trouve cela pathétique ! Moi aussi, j'ai envie d'être aimé. Pas à n'importe quel moyen. Pour moi, le sourire doit être spontané ou ne pas être. Je n'ai rien à vendre, je ne suis ni VRP ni animateur de télévision. Les gens qui me connaissent savent que je suis un joyeux luron. J'aime rire et faire rire, mais quand quelque chose me gonfle, je le dis !" (Crédit Getty Images) Yahoo Actualités, c’est mieux dans l’application
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Corrosif, mais humaniste
Sincère, aussi intègre dans le choix de ses rôles que dans ses prises de position publiques, ce grand admirateur du sociologue Pierre Bourdieu n’hésitait pas, entre deux coups de gueule cinématographiques, à donner de la voix pour la bonne cause. "Si ça aide, je joue le jeu volontiers. Faire la pute pour des questions humanitaires ne me dérange pas du tout", expliquait-il ainsi sans détour dès 1986 dans l’émission Cinémagic. (Crédit Getty Images) - 8/10
Une fin de carrière en pente douce
Ces dernières années, l’acteur tournait moins - deux films par an tout au plus - revendiquant avec son honnêteté habituelle son "droit à la paresse". En 2017, il avait joué dans Le sens de la fête, d’Olivier Nakache et Eric Toledano, et Santa & Cie, de son ami Alain Chabat, avec lequel il avait rencontré un immense succès populaire avec Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre en 2002. En 2018, il avait retrouvé Agnès Jaoui dans Place publique, pour leur ultime collaboration. (Crédit Getty Images) - 9/10
Une indéfectible complicité
Sans le savoir, la comédienne sera l’auteur du dernier hommage qui lui a été rendu de son vivant. Le dimanche 17 janvier, l’actrice et réalisatrice avait en effet évoqué dans un entretien au Monde sa collaboration avec son ancien compagnon (dont elle était séparée depuis 2012). "Voilà quelqu’un qui exprimait ce que je ressentais sans même me l’être formulé ; qui avait des réflexions qui me percutaient, me soulageaient, témoignaient de valeurs communes, d’un rapport au bien et au mal que je partageais, avec une conviction qui m’émerveillait car elle était si singulière !" (Crédit Getty Images) Yahoo Actualités, c’est mieux dans l’application
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Emporté par un cancer
Acariâtre, amer, dépressif, désabusé, neurasthénique… Jean-Pierre Bacri avait passé sa vie à ciseler les costumes les plus inconfortables pour mieux s’y glisser, avec une inimitable virtuosité. Un cancer a prématurément mis fin à ce singulier jeu de rôles, alors qu’il n’avait que 69 ans. De quoi nous donner à tous, pour une fois, l’envie de faire la gueule… (Crédit Getty Images)