Jean-Luc Mélenchon va faire un meeting en Lozère (et ce n’est pas anodin)

Le 28 septembre, Jean-Luc Mélenchon reviendra peut-être sur ses propos polémiques.
SAMEER AL-DOUMY / AFP Le 28 septembre, Jean-Luc Mélenchon reviendra peut-être sur ses propos polémiques.

POLITIQUE - Il y a deux raisons à la venue de Jean-Luc Mélenchon en Lozère ce samedi 28 septembre. La première est officielle. Le leader insoumis compte marteler son appel à la destitution d’Emmanuel Macron. Depuis la nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre, qu’il juge contraire au résultat des élections législaitves, le fondateur de La France insoumise pousse pour que la proposition de résolution déposée à l’Assemblée nationale soit adoptée. Elle sera examinée en Commission des lois le 2 octobre. Quelques jours plus tôt, cette virée lozérienne est donc l’occasoin de faire monter la pression d’un cran.

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La seconde est officieuse. Car il est difficile de ne pas voir dans ce déplacement rural une réponse à une polémique qu’il a lui-même provoquée fin août aux Amfis. À Valence, l’ancien socialiste animait un atelier autour de la créolisation, ce concept hérité du poète martiniquais Édouard Glissant. Pendant une heure, Jean-Luc Mélenchon a disserté sur les bienfaits de l’altérité et sa capacité à accoucher de nouvelles pratiques sociales, culturelles ou culinaires.

« La Martinique est un lieu assez spécial et tout petit endroit, a-t-il entamé. Malgré tout, ils sont 300 000, et pardon pour les autres, les Guadeloupéens, ils ont toujours cultivé un certain sentiment d’élite intellectuelle. La vérité c’est qu’ils le sont quand vous faites à la fois Frantz Fanon, Cézaire, Glissant et Chamoiseau, vous ne pouvez pas dire, on est n’importe où ». Mais après une phrase en apparence banale et plutôt consensuelle, il a ajouté ceci : « En Lozère, vous n’avez pas ça, vous n’avez juste qu’à vous en rendre compte ».

« Excuses »

Peu après la mise en ligne de cet extrait sur les réseaux sociaux, les habitants de ce département coincé entre l’Aveyron et l’Ardèche se sont sentis offensés. Des élus locaux sont aussi montés au front, telle la députée PS Sophie Pantel : « C’est particulièrement regrettable d’opposer des territoires entre eux », a-t-elle regretté le 3 septembre sur France Bleu Gard. L’élue a écrit à l’ancien député de Marseille « pour lui demander des excuses pour les Lozériens et Lozériennes ». Elle en a profité pour glisser « les noms d’hommes et femmes illustres de Lozère, qui ont marqué le territoire mais aussi la nation française ». « Aucun territoire ne mérite autant de mépris », avait aussi tranché la sénatrice socialiste Guylène Pantel.

Ce 28 septembre à partir de 18h30, Jean-Luc Mélenchon aura fort à faire pour revenir sur ses propos et expliquer en quoi la Lozère est peut-être moins un vivier à talents que la Martinique. Il y a un an, il faisait déjà référence à ce département, expliquant lors de la présentation de son livre Faites mieux ! que les habitants des zones rurales « sont confrontés aux mêmes problèmes que ceux qui vivent en ville, aggravés par la distance ». « Le désert médical de la Lozère est le même que celui de la Seine-Saint-Denis », ajoutait-il.

Depuis plusieurs années, la stratégie politique de Jean-Luc Mélenchon se construit autour de la reconquête des quartiers populaires qui, estime-t-il, représentent une réserve de voix prometteuse. Mais il est accusé en retour de négliger la ruralité et les villages. Son premier détracteur s’appelle François Ruffin. Fort de son slogan autour de « la France des bourgs » et de celle « des tours », le député de la Somme a rompu bruyamment avec La France insoumise au début de l’été et reproche à ses ex-camarades de laisser le RN prospérer dans certains coins ruraux et populaires du pays. En Lozère, le triple candidat à la présidentielle va donc cocher la case rurale. Mais pas celle du RN, qui n’a pas réussi à ravir la seule circonscription du département lors des élections législatives.

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