Jean-Luc Godard, le plus libre des réalisateurs français, est décédé

Véritable légende du cinéma français, cinéaste aux mille vies et aux multiples chefs-d’œuvre, Jean-Luc Godard est décédé, a-t-on appris mardi 13 septembre, à l’âge de 91 ans.

Lors de l’invasion allemande en juin 1940, Jean-Luc Godard se trouve à Paris, chez ses grands-parents. Après un bref passage chez sa tante en Bretagne, le petit garçon retourne en Suisse, où il reste jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il passe ensuite son baccalauréat à Paris, en 1947, mais ne réussit pas l’examen. C’est à cette période qu’il commence à fréquenter la Cinémathèque française. (Robert Altman/Michael Ochs Archives/Getty Images)

Ayant pris l’habitude de voler durant l’adolescence, Jean-Luc Godard vit une rupture familiale en 1947, à l’âge de 17 ans. Lorsqu’il dérobe des ouvrages de Paul Valéry chez son grand-père pour les revendre à la librairie Gallimard, le jeune homme est démasqué, puis rejeté par ses proches. La même année, Jean-Luc Godard fustige sa structure familiale à travers un pamphlet intitulé Le Cercle de famille. Ou impressions d’ensemble. (Keystone-France/Gamma-Keystone via Getty Images)

Jean-Luc Godard décroche son baccalauréat en 1949 à Lausanne, en Suisse, après deux tentatives infructueuses. À l’automne, le futur cinéaste débute des études d’anthropologie à la Sorbonne mais n’est finalement pas séduit par cette discipline. En parallèle, la consommation de films de Jean-Luc Godard ne fait qu’augmenter. À la Cinémathèque française, il commence à fréquenter certains futurs collaborateurs, parmi lesquels Suzanne Schiffman, Jacques Rivette et François Truffaut. (Gilbert TOURTE/Gamma-Rapho via Getty Images)

À l’âge de 19 ans, Jean-Luc Godard publie ses premières critiques dans La gazette du cinéma, à laquelle contribuent également Jacques Rivette et Éric Rohmer. Un an plus tard, son père lui propose de voyager à ses côtés en Amérique. Ensemble, ils visitent New York, aux États-Unis, avant de se rendre à Kingston, en Jamaïque, où Paul Godard achète une maison. Une fois son père installé, Jean-Luc Godard parcourt l’Amérique du Sud avant de rentrer à Paris en avril 1951. (Jean-Louis SWINERS/Gamma-Rapho via Getty Images)

Jean-Luc Godard publie son premier papier dans Les Cahiers du cinéma en janvier 1952, moins d’un an après la création de la revue. Il fait ses débuts derrière la caméra deux ans plus tard avec le court-métrage Opération Béton, centré sur la construction d’un barrage en Suisse. (Jean-Louis SWINERS/Gamma-Rapho via Getty Images)

Confronté au succès de son ami François Truffaut avec le triomphe des Quatre Cents Coups au Festival de Cannes en 1959, Jean-Luc Godard décide de se lancer dans la réalisation d’un long-métrage. En mars 1960 sort À bout de souffle, polar inspiré des films noirs américains, porté par Jean-Paul Belmondo et Jean Seberg. Ce premier essai est un succès critique et public, qui rassemble plus de 2,2 millions de spectateurs français. (Keystone-France/Gamma-Keystone via Getty Images )

Jean-Luc Godard se lance ensuite dans la préparation du Petit soldat, un drame sur la guerre d’Algérie qui ne sort qu’en 1963, après l’arrêt du conflit. Lors du tournage, le réalisateur séduit la comédienne Anna Karina. Elle devient rapidement la muse du cinéaste et tourne six autres films à ses côtés : Une femme est une femme (1961), Vivre sa vie (1962), Bande à part (1964), Alphaville (1965), Pierrot le Fou (1965) et Made in USA (1966). Après s’être marié en mars 1961, le couple divorce le 21 décembre 1964. (REPORTERS ASSOCIES/Gamma-Rapho via Getty Images)

Le 20 décembre 1963 sort le drame romantique Le Mépris. Pour ce film, Jean-Luc Godard convoque Brigitte Bardot, l’une des plus grandes stars de l’époque. Que ce soit ses scènes de rupture avec Michel Piccoli, la tragique séquence finale ou encore le magnifique thème de Georges Delerue, chaque élément du long-métrage laisse une empreinte indélébile chez le spectateur. (Jean-Louis SWINERS/Gamma-Rapho via Getty Images)

Après s’être essayé à la science-fiction avec Alphaville (1965), Jean-Luc Godard dirige Anna Karina et Jean-Paul Belmondo dans Pierrot le fou, qui sort la même année. Dans ce road movie, le duo incarne un couple en fuite de Paris, poursuivi par d’énigmatiques gangsters. Le film compte parmi les plus célèbres de son auteur. (REPORTERS ASSOCIES/Gamma-Rapho via Getty Images)

En 1965, Jean-Luc Godard rencontre Anne Wiazemsky sur le tournage d’Au hasard Balthazar de Robert Bresson. Un an plus tard, la jeune comédienne et étudiante lui écrit une lettre d’amour après avoir refusé ses avances. Le couple se marie le 21 juillet 1967, avant de se séparer trois ans plus tard. Le réalisateur dirige sa muse sur La Chinoise (1967), Week-end (1967), Le gai savoir (1969), Vent d’est (1970) et Tout va bien (1972). (Archivio Cameraphoto Epoche/Getty Images)

Anna Wiazemsky raconte son histoire d’amour aussi fascinante que tumultueuse dans deux ouvrages, Une année studieuse et Un an après, publiés en 2012 et 2015. Ce dernier inspire le réalisateur Michel Hazanavicius pour le film Le Redoutable, comédie évoquant l’engagement de Godard durant Mai 68, alors que sa relation avec l’actrice vacille. Porté par Louis Garrel et Stacy Martin, le long-métrage est présenté au Festival de Cannes en 2017. (KEYSTONE-FRANCE/Gamma-Rapho via Getty Images)

Les opinions politiques de Jean-Luc Godard sont de plus en plus marquées depuis la censure d’Une femme mariée (1964). Son engagement atteint un point culminant en 1968. Il filme les manifestations et demande, aux côtés de François Truffaut, Claude Lelouch, Louis Malle et d’autres réalisateurs, la suspension du Festival de Cannes afin de soutenir les étudiants. En parallèle, le cinéaste fait évoluer sa mise en scène et revendique un cinéma idéaliste, qui offrirait au prolétariat un contrôle sur la production et la diffusion. (Gilbert TOURTE/Gamma-Rapho via Getty Images)

Les expérimentations de Jean-Luc Godard se ressentent notamment à travers Un film comme les autres, qui n’est que très peu diffusé en 1968. Dans ce long-métrage, le réalisateur dévoile des conversations sur les manifestations entre des étudiants de Nanterre et des ouvriers de l’usine Renault de Flins. (Gerard AIME/Gamma-Rapho via Getty Images)

Jean-Luc Godard revient à un cinéma plus traditionnel en 1980 avec Sauve qui peut (la vie). Ce drame réunissant Isabelle Huppert, Nathalie Baye et Jacques Dutronc vaut au cinéaste d’être nommé pour la première fois au César du Meilleur acteur. Jean-Luc Godard est à nouveau nommé dans cette catégorie pour Passion (1982) et Je vous salue, Marie (1985), pourtant censuré. Le cinéaste ne décroche jamais le fameux trophée mais se voit remettre deux César d’honneur, en 1987 et 1998. (Bertrand LAFORET/Gamma-Rapho via Getty Images)

Le réalisateur est récompensé par le Lion d’or à la Mostra de Venise en 1983, pour le film Prénom Carmen. Il dirige ensuite Johnny Hallyday dans le polar Détective (1985), Alain Delon dans Nouvelle vague (1990), ou encore Gérard Depardieu dans Hélas pour moi (1993). Le réalisateur se consacre également à d’autres projets expérimentaux comme Histoire(s) du cinéma. Avec cette mini-série composée de huit épisodes, Godard fait “une échographie de l’Histoire par le biais du cinéma”, comme il l’explique aux Inrockuptibles en 1998. (ARNAL/GARCIA/PICOT/Gamma-Rapho via Getty Images)

Au cours de ses dernières années d’activité, plusieurs œuvres de Jean-Luc Godard sont sélectionnées au Festival de Cannes. En 2001, Éloge de l’amour fait partie de la compétition officielle. Neuf ans plus tard, Film Socialisme est projeté dans la section Un certain regard. En 2014, c’est au tour d’Adieu au langage de concourir pour la Palme d’or. Le film partage le Prix du Jury avec Mommy, du jeune Xavier Dolan. Jean-Luc Godard est récompensé par une Palme d’or spéciale en 2018 pour le long-métrage Le livre d’image. (CHRISTOPHE D YVOIRE/Sygma via Getty Images)