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Jean-Christophe Cambadélis garde les clés du PS

Les militants socialistes ont reconduit jeudi Jean-Christophe Cambadélis au poste de Premier secrétaire du PS, un scrutin qui légitime son autorité sur le parti et, par extension, la "ligne" de François Hollande et de Manuel Valls. Il aurait obtenu plus de 70% des voix. /Photo d'archives/REUTERS/Philippe Wojazer

par Julien Ponthus PARIS (Reuters) - Les militants socialistes ont reconduit jeudi Jean-Christophe Cambadélis au poste de Premier secrétaire du PS, un scrutin qui légitime son autorité sur le parti et, par extension, la "ligne" de François Hollande et de Manuel Valls. "Il semble qu'on s'oriente vers 71% pour Jean-Christophe Cambadélis et 29% pour Christian Paul", a déclaré une porte-parole du PS après dépouillement des votes d'environ 65% des sections du PS. Cette consultation confirme et amplifie le vote des militants du PS de la semaine dernière sur les quatre "motions d'orientation" qui étaient en lice. La motion "loyaliste" de Jean-Christophe Cambadélis avait rallié 60% des suffrages tandis que celle des élus "frondeurs", emmenée par le député Christian Paul, avait recueilli 29% des voix. Le taux de participation au scrutin de jeudi est cependant plus faible : entre 49% et 50% des 132.000 adhérents, a précisé la porte-parole du Parti socialiste. Jeudi dernier, le taux de participation pour le vote des motions avait été de 55% à 56%. Elu par le conseil national du PS en 2014 en remplacement d'un Harlem Désir contesté au sein du parti et du gouvernement, Jean-Christophe Cambadélis obtient jeudi, malgré une abstention d'environ 50%, les clés du PS directement des mains des adhérents. Le résultat de ces scrutins organisés en amont du congrès du parti à Poitiers du 5 au 7 juin rend très improbable l'organisation d'une primaire pour 2017 et constitue donc une étape clé dans la course à la candidature de François Hollande. Entre son discours aux accents de campagne à Carcassonne le 19 mai et celui du Panthéon mercredi, où il s'est posé en garant des valeurs de la République, il ne laisse guère de doutes quant à son intention de briguer un second mandat. Après plus d'un an de guérilla menée par l'aile gauche du PS contre le gouvernement, le président peut désormais compter sur un parti en ordre de marche, même s'il a dû donner des gages en annonçant le début d'une phase de redistribution. Donnée archi-favorite du scrutin après le ralliement de la maire de Lille Martine Aubry, la direction du PS compte bien faire valoir, devant les militants, sa capacité à infléchir la politique du gouvernement. "VICTOIRES SYMBOLIQUES" De nombreux dirigeants de la majorité s'attendent désormais à des initiatives du gouvernement sur l'introduction du prélèvement à la source de l'impôt sur le revenu ou encore sur le Crédit d'impôt compétitivité emploi (Cice). "Je n'ose pas imaginer que ce ne soit pas le cas", confie une responsable de la rue de Solférino pour qui "Cambadélis va être obligé d'obtenir des victoires symboliques". Ce dernier avait déjà dit son opposition à la réduction du nombre de "seuils sociaux" de salariés dont le franchissement déclenche des obligations pour les entreprises, une option écartée par le gouvernement dans sa loi sur le dialogue social. Outre son rôle d'inflexion de la politique gouvernementale, le patron du PS aura aussi pour mission de participer au rassemblement de la gauche autour de François Hollande, une condition sine qua non de sa réélection. Les élections régionales des 6 et 13 décembre constitueront un test pour la capacité de Jean-Christophe Cambadélis à forger des alliances à sa gauche. "Nous avons besoin de rassembler toute la gauche sinon ce sera un naufrage pour tous", dit un des patrons de la majorité. Si Manuel Valls a d'ores et déjà annoncé un "ajustement" du gouvernement en juin avec notamment la nomination d'un secrétaire d'Etat à l'Enseignement supérieur, des responsables de la majorité estiment qu'un remaniement plus large pourrait voir le jour après les régionales afin de faire entrer, le cas échéant, de nouveaux alliés de l'exécutif au gouvernement. (Avec Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse et Danielle Rouquié)