Jean Castex attendu à Toulouse pour poursuivre sa "tournée" sécurité

Le Premier ministre est attendu ce vendredi à Toulouse - Ludovic MARIN © 2019 AFP
Le Premier ministre est attendu ce vendredi à Toulouse - Ludovic MARIN © 2019 AFP

Jean Castex doit annoncer ce vendredi à Toulouse des moyens supplémentaires pour la police locale, au lendemain de la violente agression de deux agents en banlieue parisienne, labourant ainsi le stratégique sillon sécuritaire qui sera clé pour Emmanuel Macron en 2022.

Après des descentes à Dijon et Nice, théâtres de troubles pendant l'été, le Premier ministre poursuit sa ronde dans la Ville Rose, où il doit là encore apporter renforts humains et matériels.

"On vient avec des policiers et des moyens"

Il étrennera pour l'occasion le nouvel outil de l'exécutif, le "contrat de sécurité intégré", qui sera paraphé avec le maire LR de Toulouse Jean-Luc Moudenc et dont on résume ainsi l'esprit à Matignon: "du côté de l'Etat on vient avec des policiers et des moyens matériels supplementaires" pour la police et la justice.

"Et du côté du maire, des engagements sont pris sur le nombre de policiers municipaux supplémentaires, le nombre de caméras de vidéosurveillance", ajoute-t-on de même source, en précisant qu'une proposition de loi LaREM qui arrivera mi-novembre à l'Assemblée pourrait permettre d'étendre ces accords aux métropoles, et non aux seules municipalités.

"J'en attends de véritable progrès au profit des Toulousains pour accentuer la protection à laquelle ils ont droit et que l'Etat leur doit", a insisté ce jeudi Jean-Luc Moudenc devant son conseil municipal. Estimant le manque d'effectifs entre 150 et 200 policiers, le maire avait obtenu il y a trois semaines l'assurance par l'État d'un "rattrapage pluriannuel" à partir de 2021.

Une "tournée" des grandes villes

Les syndicalistes policiers sont, eux, plus dubitatifs face à ces promesses perlées de renforts, y voyant pour l'un un "jeu de bonneteau", pour l'autre une annonce "à l'emporte-pièces", comme lorsque Nice s'était vu attribuer une soixantaine d'agents supplémentaires. Or, "il en manque encore", assure le même.

Outre le volet répressif, des aspects "préventifs" doivent aussi être développés dans ces contrats qui auront donc vocation à essaimer dans les 24 métropoles françaises, si les édiles se prêtent au jeu.

Jean Castex, qui avait annoncé début septembre qu'il se prêterait à une "tournée" des grandes villes, sera d'ailleurs non seulement accompagné de son ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, mais aussi du Garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti et du ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer, afin d'illustrer la prise en compte de tous les maillons de la chaîne.

"Des mécanismes peuvent être activés avec les collectivités locales, par exemple concernant les travaux d'intérêt général" (TIG), fait-on valoir à Matignon en pointant nécessité de raccourcir le "délai de 14 mois en moyenne entre la peine (le TIG) et son exécution".

Action de proximité et concertation avec les élus

Cette visite est aussi l'occasion pour Jean Castex de promouvoir sa marque de fabrique, basée sur l'action de proximité et la concertation avec les élus. Et donc d'investir le terrain sécuritaire, lui qui multiplie avertissements face à la "banalisation de la violence" et discours de fermeté, dans un contexte avivé par l'agression par balles de deux policiers dans le Val-d'Oise dans la nuit de ce mercredi à jeudi, qui a laissé un agent dans un état grave.

Par exemple, à Toulouse et notamment dans ses quartiers nord, où des règlements de compte sur fond de trafic de drogue ont fait 3 morts et plusieurs blessés en 2020, "il y a deux fois plus d'atteinte aux biens que dans les autres villes de taille comparable", appuie-t-on à Matignon. "Le Premier ministre veut aller là où ça fait mal, où il y a des difficultés objectives de sécurité, et il veut venir avec des moyens et une méthode pour y répondre", ajoute-t-on.

L'enjeu est aussi politique pour l'exécutif, alors qu'Emmanuel Macron est régulièrement critiqué sur sa droite pour ses supposées carences dans le domaine régalien.

"Macron a fait son choix: la sécurité et l'autorité seront des outils de reconquête du pouvoir en 2022", assure ainsi un cadre de la majorité, circonspect sur la stratégie.

"C'est trop tard", fustige en retour un proche du président ex-LR des Hauts-de-France Xavier Bertrand, en estimant que la sécurité est et restera "l'immense faillite du quinquennat".

Article original publié sur BFMTV.com