Jean-Baptiste Moreau : « Notre agriculture est en danger de mort »
Il s'en défend, bien sûr, mais lorsqu'il arrive en boitillant au Point – une cheville s'est tordue dans le trou d'un trottoir, « cadeau d'Anne Hidalgo », plaisante-t-il –, on remarque l'air abattu. À la veille de l'ouverture du Salon de l'agriculture, Jean-Baptiste Moreau a lâché son élevage dans la Creuse pour accompagner le président, une fois de plus, à l'inauguration. Mais on sent que cette année, le cœur n'y est pas vraiment. Battu aux législatives en juin, l'ex-député-éleveur, élu dans la foulée de la victoire d'Emmanuel Macron, a perdu son écharpe… Et beaucoup d'illusions. « Il nous reste deux ou trois ans. Améliorer notre agriculture, c'est un beau slogan, mais ça ne sert à rien si elle est déjà morte », souffle-t-il, la mine sombre. Il y a cru, pourtant.
En 2017, il rencontre le futur président au salon au détour d'une allée, sur un stand de professionnels du bétail. Coup de foudre. Le leader d'En marche ! promet à l'époque d'arrêter la surtransposition de normes environnementales, et convainc l'éleveur de porter ses couleurs aux législatives – c'est l'époque bénie du parti « populaire », « ouvert aux meilleurs représentants de la société civile ». L'ingénieur de travaux agricoles, jamais encarté, jamais syndiqué, fourmillant d'idées pour restructurer les filières agricoles et rendre sa « dignité » à une profession sinistrée, se jette en politique comme un rugbyman dans la mêlée. Il y aura bien quelques victoires, reconnaît-il – comme les lois Egal [...] Lire la suite