"Je vais te faire regretter d’être né" : qui est Anastasia Colosimo, la conseillère d’Emmanuel Macron qui fait scandale ?

Sexiste, vulgaire et menaçante… Anastasia Colosimo, 34 ans, s’est faite épingler pour ses nombreuses insultes face aux journalistes. Le Nouvel Obs dévoile ces témoignages dans une enquête.

Porte-parole de l’Elysée sur la politique étrangère, Anastasia Colosimo choque par ses propos violents et provocateurs. (AP Photo/Christophe Ena, Pool)
Porte-parole de l’Élysée sur la politique étrangère, Anastasia Colosimo choque par ses propos violents et provocateurs. (AP Photo/Christophe Ena, Pool)

Les méthodes de la conseillère presse internationale d’Emmanuel Macron commencent à faire grand bruit. Révélées par le Nouvel Obs ce 3 décembre, elles dépeignent une personne menaçante, dont les coups de pression répétés et les insultes sexistes se succèdent depuis plusieurs années.

Anastasia Colosimo, 34 ans, revêt pourtant un poste à l’enjeu crucial dans le contexte tendu de 2024 : elle "briefe" les journalistes, entre autres, "sur la position du président sur la guerre en Ukraine ou le conflit israélo-palestinien". Mais choque par ses méthodes. Retour sur les propos de la politilogue engagée par l'Élysée.

"Tu fais de la merde, et tu pisses autour"

D’origine française et américaine, détentrice d'un passeport russe, Anastasia Colosimo est d’abord essayiste avant de rejoindre l’équipe d’Emmanuel Macron en janvier 2023. Nommée conseillère presse internationale, elle met mal à l’aise les journalistes dès ses premières réunions.

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On lui reproche "d’empêcher la presse de faire son travail", en éloignant celle-ci des déplacements publics du président de la République, mais aussi le style de ses propos, fait de "menaces directes et d’injures sexistes", rapporte l’Obs. Différents journalistes relatent ces expressions auprès de nos confrères : "Tu dois avoir une grosse queue d’homme courageux, j’aimerais bien la voir, la sentir, la toucher", "Tu fais de la merde, et tu pisses autour", "Vas-y, sors ton info de merde, et paluche-toi devant votre bandeau télé" lorsqu’elle ne souhaite pas qu'une information sorte ou encore "Je vais te faire regretter d’être né" à l’attention d’un reporter.

Au point que Jean-Rémi Baudot, président de l’APP (Association de la Presse Présidentielle), a fini par alerté l’Élysée de ces nombreux retours inappropriés. Mais Anastasia Colosimo semble désintéressée de ces critiques. Elle-même se définit comme étant de la "vieille école" ou assure avoir recours "au second degré", auprès de l’Obs.

Jusqu’ici, aucune sanction ni avertissement n’ont été émis à l’encontre de la conseillère internationale, rapporte son collègue Jonathan Guémas, conseiller en communication et stratégie, qui estime que sa collaboratrice s’est excusée de ses dérapages. Remontée jusqu’à certains ministres, l’alerte n’a pas non plus fait mouche.

Pourtant, Anastasia, fille de l’éditeur orthodoxe Jean-François Colosimo, lui-même connu pour ses intérêts rapprochés avec le journal Valeurs Actuelles, s’est déjà illustrée dans le passé par d’autres propos marquants. Celle qui confesse parfois "avoir voté pour Marine Le Pen" - une information qu’elle nie désormais en 2024 – a publié une thèse, puis un ouvrage ("Les Bûchers de la liberté"), en lien avec la religion, le blasphème et la liberté d’expression.

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De 2018 à 2020, elle tient des chroniques sur France Culture comme politologue et enseignante en théologie politique à Sciences Po Paris. Après un épisode de quatre ans au sein du cabinet de l’homme d’affaires et magnat de la publicité Richard Attias, un temps cité dans l’affaire des Panama Papers, Anastasia Colosimo déclare décembre 2021 sur LCI que refouler les non-vaccinés à l’hôpital "serait un bon moyen de sélection naturelle " avant de rire gauchement de sa propre maladresse.

Au sujet de l’ère sociale actuelle, la conseillère de 34 ans évoqué souvent un "politiquement correct qui musèle" ou une "hystérisation des esprits", rapporte Le Monde. Des thèmes sur lesquels elle aimait déjà débattre au sein de France Culture. Aujourd'hui, ce sont les journalistes eux-mêmes qui reprochent à la jeune femme de museler la communication du président lorsqu'il est à l’international.