Avec Javier Milei président, l’Argentine entre en “terre inconnue”
“Une nouvelle époque commence”, écrit ce lundi 20 novembre Carlos Pagni, l’un des principaux commentateurs du quotidien argentin conservateur La Nación. Il évoque une “terra incognita”, “une terre inconnue, celle à laquelle se référaient les cartographes pour désigner les parties du monde qui n’avaient été atteintes par aucun explorateur”.
L’Argentine est entrée en terre inconnue avec le “triomphe sans appel” de l’ultralibéral antiestablishment Javier Milei, qui a devancé de plus de 11 points, à la présidentielle du dimanche 19 novembre, le candidat du péronisme de gauche et ministre de l’Économie Sergio Massa – 55,7 % des voix contre 44,3 %. Un score qu’aucun sondage n’avait anticipé.
“Milei président”, titre sobrement La Nación sur sa une illustrée par le vainqueur rayonnant en compagnie de sa sœur et directrice de campagne Karina. Milei a promis des “changements drastiques” et une “reconstruction” du pays, précise le titre. Javier Milei met fin à l’alternance politique entre gauche et droite traditionnelles qui remonte au retour de la démocratie après la période de la dictature militaire (1976-1983).
“Il s’agit du succès d’un candidat sans véritable structure politique, continue Carlos Pagni, qui s’est fait un nom il n’y a guère plus de cinq ans en défendant des idées ultralibérales et qui, depuis, parcourt le pays avec la consigne ‘qu’ils s’en aillent tous’.” Javier Milei a promis notamment de réduire le poids de l’État au minimum, en supprimant des ministères et aussi la monnaie nationale, le peso, pour la remplacer par le dollar américain.
“Un malaise qui remonte à plusieurs années”
En fait, sans majorité ni au Sénat ni à la Chambre des députés, il devra sans doute composer avec la droite traditionnelle, éliminée au premier tour le 22 octobre dernier, et dont une partie – mais une partie seulement – s’était ralliée à sa candidature. Son objectif premier devra sans doute être de vaincre une inflation qui atteint désormais, annuellement, 143 %, avec comme conséquence, parmi d’autres, une forte augmentation du taux de pauvreté, qui frappe aujourd’hui 40 % des Argentins.
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