Le Japon met en garde ses habitants contre un « méga-séisme » pour la première fois

INTERNATIONAL - Une alerte inédite. L’Agence météorologique japonaise (JMA) a émis dans la soirée de ce jeudi 8 août un avertissement concernant un risque de « tremblement de terre de grande ampleur », et demandé à la population de rester vigilante, sans pour autant évacuer les habitations. C’est la première fois qu’un tel avertissement est émis depuis la mise en place d’un nouveau système d’alerte après le tremblement de terre dévastateur survenu en 2011, qui a entraîné un tsunami meurtrier et une catastrophe nucléaire à Fukushima.

Japon : après des séismes, le risque d’un tsunami majeur est écarté, mais la vigilance demeure

L’agence prévient que « si un séisme majeur devait se produire », celui-ci engendrerait de « fortes secousses et d’importants tsunamis ». Cette alerte intervient quelques heures après une secousse de magnitude 7,1 qui a fait huit blessés dans le sud du pays jeudi. Elle fait aussi suite à un avertissement de spécialistes des tremblements de terre qui ont déclaré que le Japon devait se préparer à un éventuel « méga séisme ».

Selon l’agence météorologique japonaise, le tant redouté « mégaséisme » pourrait se déclencher dans la « zone de subduction » de la fosse de Nankai, au large de la côte sud du Japon, où d’autres séismes se sont produits par le passé.

Un séisme dans la zone de « la fosse de Nankai »

La fosse de Nankai est fosse sous-marine qui s’étend sur 800 kilomètres, de la ville de Shizuoka, située à l’ouest de Tokyo, à l’île de Kyushu (sud), au large de laquelle s’est produit le séisme de jeudi. Elle a été le point de départ de tremblements de terre dévastateurs de magnitudes record, comprises entre 8 et 9, tous les 100 ou 200 ans. Ces « mégaséismes », qui tendent à se produire par paires, sont connus pour engendrer de redoutables tsunamis le long de la côte méridionale nippone.

Le Japon est situé au carrefour de plusieurs plaques tectoniques le long de la « ceinture de feu » du Pacifique, ce qui en fait l’un des pays où l’activité sismique est la plus importante au monde. L’archipel, où habitent quelque 125 millions de personnes, connaît environ 1 500 secousses par an, de faible magnitude pour la plupart.

Même les plus forts séismes causent généralement peu de dégâts, grâce notamment à l’application de normes de construction antisismiques et à la sensibilisation de la population aux mesures d’urgence. Nombre de foyers japonais disposent d’un kit de survie contenant notamment une bouteille d’eau, une lampe torche, une radio ou encore des provisions pouvant se conserver longtemps.

Une catastrophe qui reste difficile à prévoir

Le gouvernement nippon avait précédemment établi qu’il existait une probabilité de 70 % qu’un méga séisme frappe le pays dans les 30 prochaines années. Cette secousse pourrait toucher une part importante de la côte pacifique japonaise et menacer quelque 300 000 personnes et causer près de 13.000 milliards de dollars de dégâts, selon les experts.

« Bien que la prédiction des séismes soit impossible, l’occurrence d’un tremblement de terre accroît généralement la probabilité » qu’un autre survienne, décrivent des experts dans la lettre d’information spécialisée Earthquake Insights. Mais d’après eux, même lorsque le risque de nouveau séisme s’accroît, il reste « toujours bas ».

Mais même si la secousse de magnitude 7,1 survenue jeudi accroît la probabilité d’un nouveau séisme, ce risque n’en demeure pas moins « faible », rappellent les géologues Kyle Bradley et Judith Hubbard. « Par exemple, en Californie, la règle générale est qu’il y a environ 5% de chances pour qu’un tremblement de terre soit une secousse prémonitoire », soulignent-ils.

Le Premier ministre annule ses déplacements en Asie

En raison de cette alerte, le Premier ministre nippon Fumio Kishida a annoncé ce vendredi 9 août renoncer à un déplacement prévu en Asie. « En tant que Premier ministre assumant la plus haute responsabilité en matière de gestion de crise, j’ai décidé de rester au Japon pendant au moins une semaine », a-t-il déclaré à la presse.

Le chef du gouvernement devait se rendre au Kazakhstan, en Ouzbékistan et en Mongolie, et avait prévu de participer à un sommet réunissant cinq pays de la région.

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