Jan van Eyck, un peintre flamand au crible de la vision par ordinateur

Un chercheur français a utilisé des algorithmes d'analyse d'image pour étudier les points de fuite dans cinq tableaux de l'artiste flamand. Le résultat trahit une maîtrise scientifique méconnue du rendu des volumes et l'usage d'un appareil à perspective.

Tout a commencé à l’été 2020 à la cathédrale Saint-Bavon de Gand (Belgique), devant l’Autel de Gand, le célèbre polyptique sur bois à 24 panneaux de 1432 des frères Hubert (vers 1366-1426) et Jan van Eyck (vers 1390-1441). Enseignant-chercheur à l’université de Lorraine et membre du Laboratoire lorrain de recherche en informatique et ses applications (LORIA), Gilles Simon est en vacances. Après être allé admirer les tableaux de la Renaissance italienne à Florence, il enchaîne sur les primitifs flamands. Et dans l’œuvre des van Eyck, un effet de perspective l'intrigue au niveau de la fontaine du panneau de l’Agneau mystique. “Or on dit que les Flamands avaient à l’époque trente ans de retard sur les Italiens en matière de perspective”, note ce spécialiste de et de réalité augmentée qui se dit simple amateur d’art et non expert. C’est en effet à la Renaissance italienne qu’ont été théorisés la perspective et l’art de créer l’illusion de la profondeur en peinture, en se fondant sur les mathématiques et non plus seulement sur une reproduction empirique du réel.

Après quelques recherches basiques, le chercheur découvre qu’il existe tout un débat sur la maîtrise de la perspective chez van Eyck et décide de se lancer dans un travail de recherche qui a été présenté en août à la conférence Siggraph dédiée aux études touchant à l’infographie. L’article est paru dans les

Une maîtrise mathématique des lignes de fuite

Le chercheur a utilisé des algorithmes de vision par ordinateur pour révéler que, contrairement à ce qui est communément admis chez les historiens de l’art, Jan van Eyck maîtrisait l’art de la perspective. Il l'abordait sous l'angle de l'optique plutôt que de la géométrie, mais sa démarche était tout aussi révolutionnaire.

Surtout, ces résultats impliquent que le peintre se servait d'une machine à perspective, un appareil d’optique que plus tard on appellera perspectographe. Léonard de Vinci imaginera dans un croquis daté de 1510 et publié dans le Codex Atlant[...]

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