Jambes sans repos : la maladie invisible méconnue du grand public... et parfois des médecins eux-mêmes
Vos jambes vous picotent et cela vous empêche de dormir ? Encore méconnue, parfois même du corps médical, la maladie des jambes sans repos touche pourtant 8 % des Français.
Souvent plus désagréable que douloureux, toutefois assez dérangeant pour ruiner des nuits, le syndrome des jambes sans repos était jusqu’ici assez méconnu. Victimes de picotements violents (comme des "fourmis dans les jambes" mais qui ne s’arrêteraient pas pendant de longues, longues minutes, à moins de marcher), les personnes qui en souffrent ont souvent du mal à mettre un mot sur ce désagrément.
C’est désormais chose faite avec l'association France-Ekbom qui lance une campagne d'information sur la maladie de Willis-Ekbom, communément appelée "syndrome des jambes sans repos", en commençant par une réunion publique à Besançon le 19 novembre. Près de 8,5 % de la population française est atteinte de cette pathologie et 3 % en souffrent quotidiennement. Très peu connue du grand public, elle l'est aussi quelques fois par les médecins eux-mêmes, ce qui entraîne parfois un diagnostic et une prise en charge tardifs. L'association France-Ekbom affirme que "la difficulté réside dans l’incompréhension ressentie devant l’attitude de certains médecins, qui parfois ne considèrent pas la gravité de la maladie." Mais alors comment la reconnaître ? Quels sont les symptômes ?
Les symptômes : des fourmillements, picotements intenses, souvent la nuit
La maladie de Willis-Ekbom – ou syndrome des jambes sans repos – se manifeste dans les membres inférieurs, par les sensations suivantes : agacements, fourmillements, picotements, brûlures, contractures, sensation de décharges électriques. La plupart du temps, ces symptômes sont extrêmement désagréables, mais peuvent aussi devenir douloureux. Ils peuvent aussi bien toucher une jambe que les deux.
Les symptômes surviennent "exclusivement au repos, principalement le soir et la nuit, à l’endormissement ou au cours du sommeil", précise l’association. Les personnes affectées ne trouvent bien souvent de soulagement que dans la marche, les mouvements, parfois les massages.
D’origine neurologique, cette maladie peut perturber fortement le sommeil, les crises pouvant durer 20 minutes comme plusieurs heures, plusieurs fois dans la nuit (ou le jour). Dans les cas les plus graves, elle a une incidence sur la concentration, le quotidien et peut générer une irritabilité, voire un syndrome dépressif. Pour savoir si vous vous reconnaissez dans le description de ce syndrome des jambes sans repos, vous pouvez faire un diagnostic sur le site de l'association.
À quoi est-elle due ?
Peu documentée et étudiée jusqu'ici, la maladie de Willis-Ekbom n’est pas encore élucidée. "Aucune cause médicale n’a été retrouvée pour expliquer les symptômes du syndrome", précise l’association, même si des membres d’une même famille peuvent être atteints. Il atteint plus souvent les femmes et apparaît généralement à l’âge adulte.
Malgré de nombreux paramètres inconnus, le syndrome des jambes sans repos est souvent associé à une possible insuffisance de fer dans l’organisme ou un manque de dopamine. Parmi les facteurs qui favorisent l’apparition des crises, on trouve certaines pathologies (diabète, maladie de Parkinson, sclérose en plaques…), la prise de certains médicaments (antidépresseurs, antihistaminiques...), le surpoids et l'obésité, le stress et la fatigue, la consommation d'alcool ou de café. La maladie touche aussi 20 à 30 % des femmes pendant la grossesse, selon le site d’Ameli, mais disparaît après l’accouchement.
“Donnons enfin la parole aux malades ! Médecins, soignants, Écoutez-les” 💬 Cela n’est plus acceptable, mobilisez-vous pour faire bouger les choses➡️ https://t.co/xH4XZkyfcy#FranceEkbom #AFE #SJSR #willisekbom pic.twitter.com/oCGrBPzwFN
— France Ekbom (@asso_afe) March 22, 2023
Comment la traiter et peut-on l’éviter ?
Lors d’une crise, il est conseillé de marcher, se masser, s’étirer, appliquer des compresses d’eau froide ou chaude ou encore de capter son attention sur une activité intellectuelle soutenue.
Pour la traiter sur le long terme, les médecins recommandent avant tout de limiter les excitants (alcool, café, thé), d’avoir une activité physique modérée et une bonne hygiène du sommeil. Mais dans les formes les plus sévères, un traitement médicamenteux peut être recommandé.
La maladie peut évoluer de façon fluctuante, disparaître pendant de longues périodes, revenir, guérir spontanément. Il arrive que les crises cessent pendant plusieurs années avant de réapparaître.