"Ce que j'ai soutenu, ce n'est pas Nicolas Hulot": comment Marlène Schiappa a changé de ton

Marlène Schiappa le 24 novembre 2021. - BFMTV
Marlène Schiappa le 24 novembre 2021. - BFMTV

Deux époques, deux discours. Après avoir fermement soutenu Nicolas Hulot après la révélation d'une première accusation de viol en 2018, Marlène Schiappa a adapté sa position depuis les nouvelles révélations d'Envoyé spécial: le magazine a diffusé ce jeudi les témoignages de plusieurs femmes qui accusent l'ancien présentateur d'Ushuaïa d'agressions sexuelles.

"Je suis interpellée par ce qui est évoqué", a répondu Marlène Schiappa, interrogée sur BFMTV mercredi soir, quelques heures après que Nicolas Hulot a pris la parole sur notre antenne, devançant les révélations d'Envoyé spécial.

"J'espère que la justice ouvrira une instruction s’il y a des éléments", a-t-elle poursuivi.

En 2018, un soutien appuyé sous l'œil des caméras

En 2018, Nicolas Hulot était encore ministre de l'Écologie, Marlène Schiappa secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les hommes et les femmes, et le ton était bien différent. À l'époque, le magazine Ebdo, depuis disparu, révéle le dépôt d'une plainte pour viol en 2008 par Pascale Mitterrand, petite-fille de l'ancien président de la République, contre celui qui était alors ministre de l'Écologie. Visant des faits datant de 1997, cette procédure a depuis été classée sans suite.

Là aussi, l'ancien animateur télévisé devance les révélations et nie les faits. Il reçoit alors de très nombreux soutiens. À commencer par celui d'Emmanuel Macron qui l'appelle à "tenir". Le Premier ministre Édouard Philippe afficheégalement sa confiance envers Nicolas Hulot, estimant qu'il "s’était exprimé avec sincérité et émotion sur les rumeurs dont il est l’objet depuis plusieurs jours".

Du côté de Marlène Schiappa, qui a fait de la lutte contre les violences sexuelles son fer de lance, c'est d'abord silence radio. Mais ses conseillers, dans une scène captée à l'époque par les caméras d'Envoyé spécial, la pressent de mettre en scène son soutien, en passant ostensiblement la séance des questions au gouvernement à ses côtés avant de sortir tout sourire avec lui, sous l'œil des caméras.

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Quelques jours plus tard, la politique publie une tribune dans le Journal du dimanche. Elle y écrit que "le Premier ministre a parlé au nom de tout le gouvernement en étant très clair. Le gouvernement fait confiance à Nicolas Hulot".

"Les accusateurs de Nicolas Hulot bafouent la parole des femmes. Quand j'entends sur un plateau de télévision l'une de ses auteurs dire solennellement qu'elle appelle les femmes victimes de viol, 'par lui ou un autre', à contacter la presse, je trouve cela abject", affirme alors la secrétaire d'État .

"Le choix qui est fait par le gouvernement, c'est de dire la victime ment", regrette alors l'ancienne ministre socialiste des Droits des femmes, Laurence Rossignol sur France Info.

"Ce que j'ai soutenu, ce n'est pas Nicolas Hulot"

Quatre ans plus tard, ce mercredi, Nicolas Hulot prend la parole sur BFMTV. L'ex-ministre devance la diffusion d'Envoyé spécial, prévue le lendemain: il revèle être accusé par plusieurs femmes "d'agressions sexuelles et même de viol" et dénonce, là encore, des accusations "purement mensongères".

"Mon travail au ministère de l'Intérieur, (...) c'est que la justice puisse à un moment se prononcer par des faits", réagit Marlène Schiappa le soir-même sur BFMTV. "J'ai entendu qu'il y a prescription, c'est au juge d'apprécier ou non s'il y a eu prescription. (...) "J'espère que la justice ouvrira une instruction s’il y a des éléments. (...) La justice est indépendante et je ne donne aucune consigne à la justice."

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Marlène Schiappa se veut encore plus incisive ce vendredi sur RMC - au lendemain de la diffusion d'Envoyé spécial - mais défend toujours sa précédente position. "En 2018 on avait une femme qui voulait rester anonyme et ne pas vouloir que l'on parle de sa plainte déposée", avance la ministre.

"Aujourd'hui, nous avons plusieurs témoignages terrifiants de femmes qui parlent de ce qu'elles disent avoir vécu. Envoyé spécial a assuré avoir fait 4 ans d'enquête. Mon souhait maintenant c'est que la justice puisse se saisir de ces affaires et ouvrir une enquête", insiste l'élue sur le plateau des Grandes gueules.

"Ce que j'ai soutenu, ce n'est pas Nicolas Hulot, mais l'état de droit", insiste la ministre ce vendredi matin sur Sud Radio. Pour elle, sa position n'a pas fondamentalement changé: "Ce que j'ai dit à l'époque, et ce que je dis encore aujourd'hui, c'est qu'il me semble fondamental que la justice se rende dans les tribunaux."

Article original publié sur BFMTV.com