"J'ai lutté 20 minutes à contre-courant": Manon, jetée d'un pont à Grenoble par un inconnu, témoigne
Manon, 24 ans, a été jetée dans la rivière Isère depuis le pont de la Citadelle par un inconnu dans la nuit du vendredi 6 au samedi 7 décembre. Elle raconte son angoisse et la façon dont elle a été sauvée.
Un moment terrifiant. Manon, 24 ans, a été jetée d'un pont à Grenoble par un inconnu dans la nuit du vendredi 6 au samedi 7 décembre. Tombée dans l'Isère, elle raconte à France Bleu et RTL sa frayeur et comment elle a été sauvée par des policiers.
Dans la nuit de vendredi à samedi, Manon emprunte à pied avec des amis le pont de la Citadelle qui passe au-dessus de la rivière de l'Isère, aux alentours de 4 heures du matin. Cette Grenobloise d'origine, vivant aujourd'hui à Paris, croise un homme inconnu qui se met soudainement à hurler, la saisie et la jette par-desssus la rambarde.
"D'un coup, j'ai senti mes jambes qui sont passées au-dessus de ma tête", se souvient la jeune femme, qui témoigne dimanche auprès de France Bleu.
Manon assure n'avoir pas pu identifier l'homme qui l'a agressée. "Quelqu'un arrivait derrière moi, je n'ai pas vu son visage", explique-t-elle à RTL ce lundi.
"J'ai dit que j'allais lâcher"
Après une chute de 5 mètres, Manon plonge dans les eaux froides. "Je me souviens juste être dans l'eau et m'être dit: 'Mince, comment je fais maintenant?'", déclare-t-elle à France Bleu.
Malgré le froid et l'angoisse, la jeune femme parvient à garder ses esprits et nage jusqu'à des branchages auxquels elle s'accroche, le temps que ses amis appellent les secours. Mais la Grenobloise a l'impression d'attendre une éternité.
"Les cinq premières minutes ça allait, mais il faisait très très froid et le courant était très fort", confie-t-elle.
"Au bout d'un moment, j'ai dit à mes amis que j'allais lâcher", dit-elle, mais heureusement deux policiers arrivent peu après et sautent à l'eau pour lui venir en aide.
"Des visages que je retiendrai toute ma vie"
Une arrivée salutaire pour Manon. "Je n'avais plus aucune force, j'étais épuisée parce que ça faisait 20 minutes que je luttais à contre-courant", se souvient la Grenobloise.
"C'est des visages que je retiendrai toute ma vie. Aucun remerciement ne serait assez grand", lâche Manon, à propos des policiers.
"Je sais que ça a été difficile de me repérer parce qu'il faisait noir, j'avais seulement la tête qui sortait de l'eau et puis je n'arrivais plus à parler avec le froid", soutient-elle encore auprès de France Bleu. Prise en charge par les secours, Manon se trouve en situation d'hypothermie.
L'homme hospitalisé en psychiatrie
Le père de Manon, Nicolas V., salue lui aussi le courage des deux policiers. "Ces deux hommes d’une vingtaine d’années ont l’âge de ma fille et ils n’ont pas hésité à mettre leur vie en danger pour sauter dans un fleuve avec du courant. J’ai trouvé ce geste admirable", dit-il à France 3.
Dès le samedi, quelques heures seulement après son sauvetage, Manon a d'ailleurs tenu à se rendre à l'hôtel de police de Grenoble, avec ses parents, pour remercier personnellement ses anges gardiens.
L'homme qui a jeté Manon dans l'Isère, âgé de 32 ans, a été interpellé et placé en garde à vue, selon le procureur de la République de Grenoble Éric Vaillant. Tenant des propos incohérents, il a ensuite été transféré en hôpital psychiatrique.