"J'ai faim de grands rôles" : pourquoi José Garcia délaisse la comédie pour le thriller

José Garcia aux côtés d'André Dussolier dans
José Garcia aux côtés d'André Dussolier dans

L'ancien trublion de Canal +, qui a rencontré le succès au cinéma avec des rôles exubérants dans Le Boulet ou La Vérité si je mens, renoue avec le registre dramatique dans le thriller Le Torrent.

José Garcia change de registre. L'acteur comique, connu pour ses mimiques dignes des Looney Tunes et son débit de mitraillette, ralentit le rythme et s'offre un rôle complexe dans le thriller Le Torrent, en salles ce mercredi. L'histoire d'un homme dont la femme fait une chute mortelle après une violence dispute. Le lendemain, des pluies torrentielles ont emporté son corps. Et l'homme s'enfonce dans le mensonge...

José Garcia n'avait plus joué dans un thriller depuis Pars vite et reviens tard (2007), d'après Fred Vargas. Entre 2005 et 2007, l'ancien trublion s'est laissé séduire par l'univers du polar, où il a pu dévoiler une autre facette de son jeu. Mais l'échec de ces films l'a poussé à multiplier les comédies populaires et potaches, du Mac (2010) à 30 jours max (2020) en passant par Les Seigneurs (2012).

"J'ai fait beaucoup de polars, mais les gens les ont oubliés", déplore-t-il au micro de BFMTV. "J'en ai fait pas mal en Espagne. C'est peut-être pour ça." Après le succès d'estime de la série Totems, le comédien de 56 ans recherche désormais des rôles plus complexes, plus tourmentés. "J'ai faim de grands rôles. Il me faut du jeu. Si les situations ne sont pas très extrêmes, si c'est juste un père de famille, ça m'emmerde."

"Très complexe"

C'est ce qui l'a attiré dans Le Torrent. "Dans ce père de famille, justement, il y a plusieurs niveaux. D'un côté, il doit résoudre des choses un peu délicates, et de l'autre, il manipule sa fille et un peu tout le monde. C'était intéressant de travailler avec cette dualité." Et un plaisir de jouer enfin un personnage à plusieurs facettes après une carrière de personnages unidimensionnels et souvent caricaturaux (Le Boulet).

"Acteur, c'est chercher des émotions que l'on ne connaît pas encore, avec ses propres codes", philosophe-t-il. "J'essaie maintenant de trouver dans tous ces rôles des sensations humaines que je n'avais pas encore exploitées." Dans Le Torrent, José Garcia a ainsi pu jouer, pour la première fois de sa carrière, la peur. "C’est un vivier extraordinaire", s'enthousiasme-t-il.

Jouer la peur, mais aussi la manipulation, a été "très complexe", mais surtout "reposant". D'autant que tourner un film d'auteur est aux antipodes d'une comédie, souligne-t-il: "La caméra est juste là, très proche du visage. On travaille sur la dentelle, sur les émotions. Ils viennent chercher toutes les émotions et la caméra vient prendre ce qu'il faut dans les yeux. Je n'avais pas besoin de bouger."

La malédiction des comiques ?

Depuis quelques années, les propositions plus sérieuses affluent. "Ça vient par vagues. Il faut que les films marchent. J'attends que quelqu'un ait envie de moi pour tel ou tel rôle. Et quand on me le propose, je saute dessus. Mais c'est vrai qu'on ne me le propose pas toujours. On va le proposer à quelqu'un de plus évident. Le fait que je sois assez jovial, ça peut arrêter certaines personnes."

C'est la malédiction des comiques. "Oui et non, parce que ça va, je suis très gâté", rassure José Garcia. "J'ai quand même la chance de passer de l'un à l'autre." Il en veut pour preuve sa filmographie de ces dernières années, où se mêlent la suite des Petits mouchoirs Nous finirons ensemble, le thriller américain Bastille Day et un blockbuster chinois avec Tony Leung, Fox Hunt, toujours inédit en France.

"C'est un film super particulier", s'amuse l'acteur. "On fait les méchants un peu space. On n'a pas tout compris. On est un peu tout le temps en train de prier, en train de dire des trucs sur Dieu. C'est un peu particulier. Je joue la crapule totale. J'adore."

Avec l'âge, José Garcia ne craint plus d'endosser des seconds rôles, "qui sont souvent très intéressants et souvent beaucoup mieux écrits" que les rôles de premier plan. "Il n'y pas besoin de porter la charge. Alors ça, c'est la liberté! C'est le pied complet parce que je viens comme un mercenaire, pour 45 jours, pour un rôle qui m'éclate. J'ai besoin de ça."

"Je n'ai pas lu une comédie drôle depuis longtemps"

Pour autant, l'acteur ne tourne pas le dos à la comédie. "J'adore la comédie, mais franchement, je n'ai pas lu une comédie drôle depuis je ne sais pas combien de temps. C'est très compliqué. J'ai été président du jury du Festival de l'Alpe-d'Huez et je m'en suis rendu compte là-bas. La comédie, ça a toujours été très exigeant. Or les gens qui écrivent des comédies n'ont plus l'exigence qu'ils devraient avoir."

"Pour en faire une bonne, il faut déjà des gens qui savent écrire et qui vont travailler sur les dialogues", renchérit-il. "Après, il faut qu'un réalisateur ait une exigence d'un film d'auteur. Il faut quand même travailler son découpage." Tourner des comédies est désormais plus éprouvant pour lui que jouer dans des drames. Car le plus souvent c'est aux comédiens de sauver les meubles sur le tournage, assure-t-il:

"Les acteurs sont à bloc, parce qu'on sait très bien que ça va se faire éclater [par la presse]. Il n'y a pas d'autre solution et on sait qu'il va falloir se démerder. Quand je fais une comédie, je mets trois mois à m'en remettre parce que je suis [à fond] dès le matin. Je sais que personne ne va faire attention à ce qu'il va falloir faire et qu'il va falloir garder l'œil sur un truc."

Tout en poursuivant son exploration du cinéma d'auteur français, José Garcia s'est rapproché du réalisateur Nicolas Benamou, avec qui il a tourné A fond (2016). Le duo rêve de comédies potaches irrévérencieuses. Les deux hommes sont en pleine écriture de projets de comédies d’action délirantes. En attendant, José Garcia sera à l'affiche le 1er février d'Astérix et Obélix: L'Empire du Milieu, où il incarnera un proche de César.

Article original publié sur BFMTV.com

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