"J'ai cru que ça se tasserait": le père de Mila revient sur le jour où la vie de son foyer a basculé

Le père de Mila sur notre plateau le 27 août 2021.  - BFMTV
Le père de Mila sur notre plateau le 27 août 2021. - BFMTV

"On ne lâchera rien". La promesse du père de Mila, harcelée et menacée de mort pour des propos tenus sur l'islam lors d'un live sur les réseaux sociaux, alors qu'elle était âgée de 16 ans, après des insultes visant sa sexualité, est tombée ce vendredi matin sur notre plateau, au micro de Bruce Toussaint.

Et la condamnation, le 7 juillet dernier, devant le tribunal correctionnel de Paris de onze prévenus, convaincus de cyberharcèlement, à des peines allant de quatre à six mois de prison avec sursis n'a pas refermé la plaie ouverte ce jour de janvier 2020.

Le père de famille - dont nous taisons l'état-civil pour des raisons de confidentialité et de sécurité - est revenu sur cette date qui a précipité son foyer dans la tourmente.

"Je me suis complètement trompé"

"Quand ça se passe, je rentre chez moi le soir - et au départ je me suis trompé, complet - et ma femme me dit: 'C'est grave pour Mila' - Son numéro ayant été balancé sur les réseaux sociaux, c'était terrible... Son téléphone, c'était un spot tellement les messages arrivaient par centaines", a-t-il retracé.

Il a continué: "On m'explique ce qui s'est fait. Bon, parfois, j'ai un peu d'humour mais là... Bon, j'ai dit que c'était pas bien de dire ça mais j'ai cru que dans les heures qui suivraient, ça allait se tasser. Non, non, c'était tellement violent que ma femme, qui avait mieux compris que moi, est allée tout de suite en gendarmerie porter plainte, parce que c'était des gens qui la connaissaient physiquement".

Tempête médiatique

Une démarche qui a marqué le début judiciaire d'une polémique qui, non seulement ne s'est pas tassée en quelques heures, mais dure encore plus d'un an et demi plus tard.

"J’ai cru que ça allait retomber quelques jours ou quelques semaines après, c’est jamais retombé", a encore insisté notre interlocuteur à l'antenne, avant de poursuivre: "Au bout de quelques semaines, j'ai pensé que ce serait opportun pour Mila qu'elle puisse s'exprimer. On est allé à l'émission Quotidien (de la chaîne TMC, NDLR). Ça a amélioré un peu les choses car les gens ont pu se rendre compte que c'était une ado comme tous les ados".

Mais ce rendez-vous n'a pas clos la controverse médiatique. Au contraire, il l'a enflammée. Notre invité a en effet dénoncé la rancoeur déchaînée par Cyril Hanouna à l'égard de sa fille dans sa propre émission:

"Après certains, vexés que Mila ne soit pas venue dans leur programme, se sont essuyés les pieds sur elle de manière odieuse. Ils avaient essayé à au moins dix reprises de la faire venir dans leur émission, disant que ses propos étaient 'inadmissibles' qu'elle devait 'se cacher'. Je parle de monsieur Hanouna, avec Touche Pas à Mon Poste."

Une existence bouleversée

Cette pression, laisse-t-il entendre, est pour beaucoup dans le bouleversement de son quotidien, de celui de sa famille et, bien sûr, de Mila, en plus des menaces: "Vous découvrez un monde que vous ne connaissez pas. Donc effectivement, notre monde, notre vie basculent. Pourquoi? Parce que des moyens se mettent en place pour vous protéger. Vous avez des gendarmes avec des mitraillettes devant chez vous pendant des mois et des mois, dans un petit village".

"Votre fille ne peut plus aller à l'école. Vous ne pouvez plus vous projeter, ni rien anticiper", a-t-il encore déploré, illustrant:

"Vous voulez aller au restaurant ? Vous devez prévenir les services de sécurité qui vont se renseigner pour savoir si le lieu en question est problématique. Ils doivent pouvoir y aller un peu avant pour s'assurer que tout va bien se passer. Tout est compliqué. Vous partez en vacances. On était en Corse cet été, ils nous ont suivis. Vous ne pouvez plus vous promener avec votre fille, rencontrer Mila sans que vous ayez une présence permanente".

"C'est très compliqué", a-t-il reconnu. "Mais il faut savoir que ma femme et moi-même, on ne lâchera jamais", a-t-il plus tard martelé.

Article original publié sur BFMTV.com