Publicité

Comment j’ai appris l’art indien de tout faire à la dernière minute

Nous sommes samedi en fin de journée à Bombay, et je suis au téléphone avec ma mère. Je lui raconte entre autres que non seulement je n’ai pas commencé la rédaction de mon billet de blog, mais qu’en plus je ne sais même pas sur quoi écrire, et que, par ailleurs, je n’ai encore rien prévu pour mes vacances, qui commencent cinq jours plus tard. Je lui explique que c’est parce que j’ai adopté une organisation “à l’indienne”, c’est-à-dire que j’attends la dernière minute pour à peu près tout. Elle me dit : “Tu n’as qu’à parler de ça sur ton blog.” Je pense : “Mais en voilà une bonne idée !”

Anticiper peut s’avérer contreproductif en Inde

J’essaie consciemment de faire miens certains traits de la culture indienne. J’admire le sens de l’hospitalité des Indiens, et leur manière plus joyeuse que la nôtre de vivre le quotidien, en traversant les épreuves de la vie sans se départir de leur bonne humeur. Mais, honnêtement, cela ne me vient pas naturellement. Mon conjoint, qui est indien, reste bien plus doué que moi pour mettre sur pied une soirée réussie ; et dans l’adversité je continue à pester voire à m’apitoyer sur mon sort. Bref, on a fait mieux comme acculturation.

En revanche, ce que j’ai vraiment appris au cours des dernières années, presque sans m’en rendre compte, c’est leur manière de faire les choses à la dernière minute. En réalité, je n’ai pas vraiment eu le choix. Car anticiper peut s’avérer contreproductif en Inde. Disons, par exemple, que vous planifiez une réunion bien à l’avance, car vous souhaitez vous assurer que votre interlocuteur (indien) vous réservera ce créneau. Erreur ! Dans la tête d’un Indien, tout peut changer d’ici-là. Il vous dit oui aujourd’hui, mais si autre chose se présente demain, rien ne garantit que votre rencontre sera maintenue.

L’étape cruciale de la “reconfirmation”

Conséquence : plus vous anticipez, plus vous devez confirmer, voire “reconfirmer”, un concept que j’ai découvert en Inde. Un jour, je suis ainsi arrivée à un rendez-vous professionnel, et la dame que je devais rencontrer, très embêtée, m’a dit : “Oh, je suis désolée, je ne savais pas que vous viendriez, vous n’avez pas reconfirmé.” J’avais pourtant sollicité le rendez-vous, puis confirmé le rendez-vous, mais j’avais apparemment manqué l’étape cruciale de la reconfirmation du rendez-vous. Pauvre néophyte.

[...] Lire la suite sur Courrier international

Sur le même sujet :