Est-ce que j’étais faite pour Mai 68 ?

Slogan contre la guerre du Vietnam accroché sur une statue lors d'une manifestation à Paris, le 21 février 1968.

Si la romancière a embrassé la révolte, il y a cinquante ans, elle n’avait nul penchant libertaire ou anarchiste. Avec le recul, elle s’aperçoit qu’elle voulait remplacer un ordre établi par un ordre plus conforme à ses idéaux.

Aun demi-siècle de distance, le printemps de 1968 m’apparaît comme une divine surprise, une rupture si générale, si radicale, qu’on n’aurait jamais pu imaginer rien de tel. Et je ne me demande même plus, comme je l’ai fait longtemps : est-ce que Mai 1968 était fait pour moi, est-ce que j’étais faite pour Mai 1968 ? Je ne sais pas. Peut-être que non. Mais peu importe. C’était trop tard pour une révolte adolescente. J’étais déjà professeure, depuis peu, dans un lycée de Picardie et en même temps chargée de cours à l’université de Nanterre. Quoi qu’il en soit, j’ai vécu cette période comme une succession ininterrompue de bonheurs imprévus et de menus événements inouïs.

Je ne parle pas des soirs d’émeute et de barricades du Quartier latin. Mais d’une image qui me revient. Un soir tard, il fait tiède, et les marronniers sont en fleur autour de Denfert-Rochereau, j’ai quitté le Quartier latin pour rejoindre à pied Montrouge, où se trouvaient les studios de la Radio-télévision scolaire. Tout le long du chemin, je rencontre des hommes, des femmes, qui rentrent chez eux, ou qui vaguent au hasard, cherchant à parler avec tous ceux qu’ils rencontrent. On s’aborde, on se sépare, on est d’emblée des amis, on ne se reverra jamais. Je n’avais jamais vécu rien de tel.

La fusion de deux mondes

Depuis un moment, j’avais cessé d’aller faire mes cours, j’avais trop à faire ici. A Montrouge, nous étions une équipe qui préparait des programmes de littérature et de philosophie pour les élèves du secondaire. C’était extrêmement novateur à l’époque. Par imitation des ouvriers qui occupaient leurs usines, depuis les premiers jours de mai, nous nous relayions jour et nuit pour défendre contre une éventuelle descente de police une petite entreprise que nous voulions mettre (...)

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