"J’ai été cambriolé quatre fois": Christophe Bouchet raconte le calvaire d'être président de l'OM
Une réunion qui laissera des traces. Ce lundi, les dirigeants et les responsables des groupes d'Ultras de l'OM se sont rencontrés. Houleux, l'entretien a déjà provoqué le départ de Marcelino alors que quatre représentants du club, dont Pablo Longoria, se sont mis en retrait. Président du club phocéen entre 2002 et 2004, Christophe Bouchet a abordé cette situation pour BFM Marseille-Provence, sans langue de bois.
"Il y en a toujours quelque-uns qui sont plus excités et brutaux que les autres. Et c'est de ceux-là dont on parle"
"Le langage des supporters, c’est un langage de la rue, a commenté Christophe Bouchet. Est-ce qu’il faut le prendre au pied de la lettre? Ce n’est pas sûr. Il y a un nouveau bras de fer qui s’est engagé entre les groupes de supporters et les dirigeants." Lors de son passage, l'ancien patron a été "cambriolé quatre fois en deux ans". "J’ai été raccompagné par la BAC à mon domicile, mes enfants ont été placés sous surveillance à l’école, a ajouté l'homme de 60 ans sur son expérience à la tête de l'OM. Vincent Labrune a connu ça, Jean-Michel Roussier aussi. On a tous connu ça, parce que parmi les supporters, vous avez quelques excités."
Christophe Bouchet ne veut néanmoins pas généraliser: "Les supporters, ce n’est pas une horde de sauvages. Vous seriez surpris de la population des virages du Vélodrome, a commenté celui qui a été maire de Tours entre 2017 et 2020. Mais il y en a toujours quelques-uns qui sont plus excités et brutaux que les autres. Et c'est de ceux-là dont on parle."
En privé, Pablo Longoria confie que les limites de l'acceptable ont été dépassées. Le dirigeant ne supporte pas les menaces ou qu’on remette en cause son honnêteté. Lors de la réunion, les représentants des Ultras lui ont notamment reproché des magouilles et du copinage. "Il y a un dialogue qui n’arrive pas à s’instaurer, une méthode qui n’arrive pas à se mettre en place, a jugé Bouchet. C’est un jeu compliqué entre les supporters, l’environnement, les politiques et le milieu."
"L'OM n'est pas un club ingouvernable"
Sorti en Ligue des champions dès le troisième tour préliminaire mais invaincu en championnat en cinq matchs, l'OM est plongé dans une crise institutionnelle, de quoi forcément avoir des conséquences sur le sportif. "Je crois que les supporters devraient commencer à se poser des questions sur la stabilité du club, a lancé Christophe Bouchet. Dans le football, c’est une condition nécessaire. Tant que le club n’aura pas de stabilité, il n’avancera pas et n’aura pas de résultats au long cours. Donc il faut que les supporters se posent les bonnes questions. Est-ce qu’il veulent le bonheur de leur club ou leur bonheur à eux indépendamment de leur club? Il faut leur poser directement la question."
Pour Christophe Bouchet, les responsables des Ultras "sont des garçons intelligents". "Moi j’aurais plaisir aujourd’hui à avoir des échanges nourris avec Rachid Zeroual, pour savoir quel but il poursuit dans la vie", a affirmé l'ancien journaliste, reconverti dans la politique.
Ce jeudi, Jacques Abardonado s'installera sur le banc de l'OM pour le déplacement sur la pelouse de l'Ajax Amsterdam, lors de la première journée de la phase de groupes de Ligue Europa. Le flou demeure pour la suite, malgré un rendez-vous important face au PSG dimanche.
"L’OM n’est pas un club ingouvernable, a conclu Christophe Bouchet. Mais personne ne discute avec personne, parce que c’est la tradition. Il faut que chacun prenne ses responsabilités. Est-ce que les supporters doivent gérer le club? Non. Est-ce qu’ils doivent participer à ce qu’il se passe autour? Oui. Entre les deux, il faut trouver un moyen de faire les choses. Autrement, personne n’y arrivera jamais (…) Chacun fait son truc dans son petit coin, en pensant qu’il va sauver l’OM. Mais personne ne sauvera l’OM sans une poussée collective. Ça devrait être une envie collective."