Ivo van Hove Autant en emporte le temps

Le metteur en scène néerlandais adapte avec élégance un drame psychologique contaminé de secrets de famille de Louis Couperus, auteur méconnu en France, qui se déroule sur plusieurs générations. Une beauté classique qui peut laisser de marbre.

Serge Tisseron, grand psychanalyste aux talents de conteur, a des mots éloquents pour parler des fantômes qui reviennent hanter. D’un secret de famille, il dit qu’il «ricoche» de génération en génération, qu’il «suinte» par les embrasures des portes de la maison sans apparaître jamais tout à fait aux héritiers. Ainsi, sans même le savoir, cette jeune femme de 2018 se sentirait-elle dégoûtée par la nourriture à cause de l’inceste subie par sa grand-mère et caché depuis le début des années 30. Ainsi, sur un plateau en plein air à Avignon, Lot et Elly ne parviennent pas à bien s’aimer, sans doute en raison, comprend-on très vite (bien trop vite), de la «Chose», ce meurtre du grand-père par la grand-mère et l’amant de celle-ci, voici soixante ans, et qui fait peu à peu tomber le couperet : «Il n’y a pas d’amour heureux dans la famille.» A notre connaissance, Serge Tisseron n’était pas dans les gradins avignonnais pour vérifier à quel point cette pièce intitulée De Dingen die Voorbijgaan (Les choses qui passent) dramatise, par anticipation, ses propres essais à des décennies d’écart. Mais peut-être était-il jusqu’à présent le seul en France à connaître l’existence de l’auteur néerlandais qu’est Louis Couperus (1863-1923) ? Le metteur en scène Ivo van Hove tente ici de le réhabiliter dans cette nouvelle production qui fait suite, à Avignon, aux Damnés, présenté en 2016 avec les acteurs de la Comédie française, une grosse berline théâtrale devant laquelle, à Libération, nous avions déjà un peu soupiré.

Poison tchekhovien

De retour avec le rutilant Toneelgroep d’Amsterdam (groupe d’acteurs exceptionnels avec lequel Julien Gosselin va travailler, vient-on d’apprendre), le voici donc débarquer avec De Dingen, drame psychanalytique (...)

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