IVG dans la Constitution : Emmanuel Macron salué par la classe politique, Marine Le Pen parle « d’inutilité »

Pourquoi Marine Le Pen ne se joint pas au concert d’applaudissements après l’annonce d’Emmanuel Macron sur l’IVG
Charles Platiau / Reuters Pourquoi Marine Le Pen ne se joint pas au concert d’applaudissements après l’annonce d’Emmanuel Macron sur l’IVG

POLITIQUE - Une avancée de taille. Emmanuel Macron a indiqué ce dimanche 29 octobre sur les réseaux sociaux que la liberté des femmes à recourir à l’Interruption volontaire de grossesse (IVG) sera gravée dans la Constitution pour en faire un droit « irréversible » en 2024. Ceci à travers un projet de loi imminent.

« Le projet de loi constitutionnelle sera envoyé au Conseil d’État cette semaine et présenté en Conseil des ministres d’ici la fin de l’année », a ainsi annoncé le chef de l’État dans la lignée de son engagement pris le 8 mars. Une réponse aux inquiétudes nées de l’annulation, il y a un an et demi, de l’arrêt garantissant aux États-Unis le droit d’avorter sur tout le territoire.

Précision importante : selon les mots d’Emmanuel Macron et de ses ministres ce dimanche, cette modification fera l’objet d’un texte à part alors qu’il était envisagé, un temps, de l’intégrer à une révision constitutionnelle plus large. Ce qui aurait amoindri ses chances d’être définitivement adopté. Les réactions sont donc très positives du côté de la classe politique et des associations… à quelques exceptions près.

Pour Marine Le Pen, cela ne « sert strictement à rien »

Invitée de l’émission Dimanche en politique sur France 3, Marine Le Pen a jugé « complètement inutile » une telle entreprise, tout en rappelant que son parti avait voté pour l’inscription de l’IVG dans la Constitution à l’Assemblée. « Ça ne sert strictement à rien de faire ça », a-t-elle estimé, puisqu’« aucun mouvement politique, qu’il soit à l’Assemblée nationale ou en dehors, ne demande la remise en cause » du droit à l’avortement.

Une façon de critiquer Emmanuel Macron en lui reprochant une forme de déconnexion des priorités des Français. « Les bras m’en tombent. Nous sommes confrontés à des attentats terroristes, nos professeurs sont égorgés dans leurs écoles (...) notre économie est en berne, l’insécurité explose et le président de la République, lui, est obnubilé par quelque chose qui est totalement inutile (...) et complètement à contretemps de ce que vivent les Français », a ainsi lancé la dirigeante d’extrême droite, en expliquant par ailleurs qu’elle préférait l’organisation d’un référendum pour les « sujets sociétaux ».

Une option désormais exclue à l’Élysée. Contrairement à une proposition d’initiative parlementaire, un projet de loi de révision de la Constitution comme annoncé par Emmanuel Macron ne doit pas forcément être soumis en fin de course à un référendum. Il peut aussi être approuvé par une majorité des trois cinquièmes des deux chambres du parlement réunies en Congrès.

Au-delà du Rassemblement national ou de la députée Les Républicains Véronique Besse qui déplore une « diversion » de la part d’Emmanuel Macron, une grande partie de la classe politique salue donc une « victoire », dans le sillage des associations.

« Victoire », « moment historique »…

Après l’annonce du chef de l’État, la députée insoumise Mathilde Panot – à l’origine de l’adoption d’une proposition de loi sur ce sujet et qui avait promis de revenir à la charge fin novembre – a salué sur les réseaux sociaux une « victoire pour les associations, les collectifs, les militantes qui se battent pour que le droit des femmes à disposer de leur corps soit enfin garanti ».

La sénatrice socialiste Laurence Rossignol se réjouit de son côté de voir que le « gouvernement fait savoir qu’il va (enfin) prendre la main sur la constitutionnalisation de l’IVG », tandis que sa collègue écologiste Mélanie Vogel, également en pointe sur le sujet, parle de « moment historique ».

« Le droit à l’IVG est attaqué partout dans le monde. Nous avons une bataille culturelle majeure à remporter qui est de dire “pour nous, c’est le fondement, la condition même de notre vivre ensemble, la fait que l’on puisse choisir sa vie et c’est tellement important que nous voulons le placer au sommet de la hiérarchie des normes” », a-t-elle déclaré sur BFMTV ce dimanche, en réponse ceux qui doutent du caractère prioritaire de ces enjeux.

Invité de la chaîne d’informations un peu plus tôt, Xavier Bertrand a lui aussi apporté son soutien à une telle disposition. « Je pense que c’est important de disposer pour aujourd’hui, pour demain et pour après-demain et de reconnaître cette liberté, ce droit », a plaidé le président Les Républicains de la région Hauts-de-France.

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