IVG : Christiane Taubira révèle avoir subi un avortement clandestin dans sa jeunesse
Pour l’anniversaire des 50 ans de la loi Veil, l’ancienne garde des Sceaux s’est confiée à l’INA dans une vidéo de témoignages, où Annie Ernaux parle aussi de ce qu’elle a vécu.
AVORTEMENT - Les mots sont forts, mais essentiels à attendre à l’occasion de ce cinquantenaire. Lors d’une initiative vidéo de l’Institut national de l’audiovisuel (INA), dévoilée ce jeudi 12 décembre par l’AFP, l’ancienne ministre de la Justice Christiane Taubira a révélé avoir subi un avortement clandestin dans sa jeunesse.
L’INA a choisi de réunir près de 80 témoignages de femmes ayant avorté avant 1975, dans une vidéo prévue pour le mois de janvier afin de célébrer les cinquante ans de la loi Veil. Un programme intitulé « Il suffit d’écouter les femmes », qui a également permis de réunir des aidants, des faiseuses d’anges, des proches ayant parfois perdu une mère ou une épouse, un avocat ou juge d’instruction. Et ce, après un large appel à témoignages sur les réseaux sociaux et dans la presse locale.
C’est donc dans ce cadre particulier que l’ex-garde des Sceaux a livré sa propre histoire, jusqu’alors inconnue du grand public. « On était persuadés que je ne survivrais pas », confie-t-elle lors de cet entretien célébrant l’inscription de l’interruption volontaire de grossesse dans la loi française.
« À l’hôpital, je me souviens que le médecin me pose des questions (…) Qui vous a fait ça ? J’entends des mots, curetage, charcuterie », se souvient l’ancienne candidate à la présidentielle, à qui il n’arrive alors pas « un millième de seconde l’idée de trahir la dame ».
Un documentaire en janvier à la télévision
Christiane Taubira n’est pas la seule personnalité connue à s’exprimer dans ce document vidéo qui donne aussi une place de choix à de parfaits inconnus. Ainsi, l’écrivaine et prix Nobel de littérature Annie Ernaux, qui a déjà raconté son expérience traumatisante dans les années 1960 dans L’événement, se livre aussi.
Tout comme la doyenne de ce format, âgée de 99 ans. Elle travaillait dans une maison d’accouchement pendant la Seconde Guerre mondiale, où les femmes aisées de Tours venaient avorter. Ou la benjamine de 70 ans, qui avait avorté lorsqu’elle était lycéenne, avec l’aide de son compagnon.
Pour les découvrir en images, il faudra toutefois se montrer patient. Car l’INA diffusera ces témoignages à partir du 21 janvier sur entretiens.ina.fr dans sa collection d’« entretiens patrimoniaux ». Ils seront aussi déclinés dans un documentaire coproduit par France Télévisions et diffusé en janvier, dans un livre coédité chez Flammarion, et enfin dans une fiction sonore en cinq épisodes.
Des manières pédagogiques de revenir sur cet anniversaire événement, qui s’est déjà invité dans l’actualité en début d’année 2024, lorsque la France est devenue le premier pays au monde à inscrire dans sa Constitution la « liberté garantie » d’accès à l’IVG.
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