Iter : le long chemin vers la fusion

La plus grande installation au monde destinée à étudier la fusion nucléaire par confinement magnétique est en construction dans le sud de la France. Iter devrait démontrer vers 2035 la possibilité de fabriquer de l'électricité à partir de ce procédé. Mais le chantier avance plus lentement que prévu. Reportage.

Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir - La Recherche n°913, daté mars 2023.

À une quarantaine de kilomètres au nord d'Aix-en-Provence, en lisière du site CEA de Cadarache (Bouches-du-Rhône), le chantier d'Iter (International thermonuclear experimental reactor) nous écrase par son gigantisme. Il s'étend sur 180 hectares, soit environ 250 terrains de football.

2500 personnes y travaillent chaque jour. Il comptera en tout 39 édifices dont le saint des saints, le bâtiment du réacteur de fusion nucléaire : 120 mètres de long, 80 de large, et 80 de haut. On y ferait tenir Notre-Dame de Paris sans problème. Terminé en 2020, il abrite désormais le tokamak (acronyme russe de "chambre toroïdale avec bobines magnétiques"), en cours d'assemblage.

Dans ce tore de 1400 m3 se dérouleront les réactions de fusion entre noyaux de deutérium et de tritium, au sein d'un plasma de 840 m3 porté à 150 millions de degrés, dix fois la température au cœur du Soleil. Il sera confiné par un ensemble complexe de champs magnétiques générés notamment par 18 bobines supraconductrices de 310 tonnes chacune, refroidies à -269 °C. Les températures les plus extrêmes de l'Univers seront donc réunies ici, au bord de la Durance, pour une ambition prométhéenne : maîtriser le feu des étoiles et démontrer que l'on pourra en faire, un jour lointain, de l'électricité…

Crédit : Bruno Bourgeois

Lorsque nous visitons le chantier, étrangement calme et silencieux, les nouvelles sont mauvaises. L'année 2022 a été marquée par la révélation de plusieurs défauts dans les pièces du tokamak. La chambre à vide est assemblée par segments qui sont soudés en secteurs, comme les quartiers d'une orange. Or, les trois secteurs livrés par la Corée du Sud présentent une déformation qui les empêche d'être à leur tour soudés ensemble.

Autre souci : des fissures de 2,2 millimètres sont apparues dans les tubulures de l'écran thermique du tore. Ces anomalies vont entraîner le démontage d'une partie du tokamak, et "un [...]

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