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Italie: Shell et Eni poursuivis dans une affaire nigériane

par Emilio Parodi

MILAN (Reuters) - Royal Dutch Shell et Eni seront jugés en Italie pour des faits de corruption présumée au Nigeria et l'administrateur délégué d'Eni figure parmi les dirigeants présents et passés concernés, a-t-on appris mercredi de sources judiciaires.

Le magistrat chargé du dossier a fixé au 5 mars la date de l'ouverture du procès, ont ajouté les sources.

L'affaire porte sur l'achat par Eni et Shell en 2011 d'un bloc pétrolier au large des côtes nigérianes, du nom d'OPL-245, pour 1,3 milliard de dollars (1,1 milliard d'euros).

En dehors des deux groupes pétroliers, 13 personnes physiques, dont Claudio Descalzi, l'administrateur délégué d'Eni, et Malcolm Brinded, l'ex-président de la Fondation Shell, comparaîtront devant les juges, ont encore dit les sources.

Dans le droit italien, la responsabilité d'une entreprise peut être engagée si elle n'a pas empêché, par négligence ou sciemment, un salarié de commettre un délit dont elle a retiré des avantages.

Le ministère public italien a achevé en décembre son instruction sur ce dossier en renvoyant Claudio Descalzi au tribunal, avaient déclaré des sources judiciaires en février.

Eni a réagi en déclarant que la société et son administrateur délégué - qui dirigeait ses activités d'exploration et de production à l'époque des faits - avaient agi en toute régularité sur ce dossier. Il a ajouté que le conseil d'administration avait toute confiance en Claudio Descalzi.

Shell s'est déclaré déçu par la décision du juge et s'est dit convaincu que le dossier se solderait par un non-lieu à la fois pour la société et pour ses ex-salariés concernés.

La licence OPL-245 avait été octroyée à l'origine en 1998 par l'ex-ministre nigérian du pétrole Dan Etete à Malabu Oil and Gas, une société dans laquelle il détenait des parts. Elle a ensuite été revendue à Shell et à Eni.

Selon l'organisation non-gouvernementale Global Witness et d'autres, la majeure partie de la somme de 1,3 milliard de dollars versée pour le bloc n'est pas allée dans les caisses de l'Etat mais a été détournée par Etete, convaincu de blanchiment d'argent en France en 2007 dans un autre dossier.

Shell avait déclaré précédemment qu'il ne savait pas qu'une partie des sommes payées pour la licence avait été reversée à Malabu, ajoutant que la transaction n'en était pas moins légale.

(Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marc Angrand)