En Italie, Meloni accusée de vouloir « rançonner » les migrants avec une caution de 5000 euros

Giorgia Meloni lors d’un discours à Budapest en Hongris, le 14 septembre 2023
Bloomberg / Bloomberg via Getty Images Giorgia Meloni lors d’un discours à Budapest en Hongris, le 14 septembre 2023

ITALIE -La bourse ou la prison, et un tollé à la clef. Les migrants déboutés du droit d’asile en Italie devront verser une caution de 5.000 euros sous peine d’être envoyés en centre de rétention pendant l’examen de leur recours, prévoit un décret paru au journal officiel, suscitant ce vendredi 22 septembre, la condamnation de l’opposition de gauche.

Cette garantie financière de 4.938 euros précisément, qualifiée de « rançon » par le quotidien de gauche La Repubblica, est censée couvrir les frais de logement et de subsistance pour une personne pendant un mois, ainsi que le coût de son rapatriement en cas de rejet définitif de sa demande.

Elle sera exigée aux personnes ayant tenté de se soustraire aux contrôles à la frontière ainsi qu’à celles provenant d’un pays dit « sûr » et qui, en principe, ne peuvent donc prétendre à l’asile. Si le requérant « disparaît indûment », la caution dont il s’est acquitté sera prélevée, précise le texte.

Ce décret paraît quelques jours seulement après l’annonce du gouvernement d’extrême droite de Giorgia Meloni de son intention de porter à 18 mois la durée maximale de rétention des demandeurs déboutés, contre 40 jours renouvelables actuellement (138 jours maximum).

L’exécutif entend ainsi dissuader les départs d’Afrique du Nord et éviter que les autorités italiennes soient légalement contraintes de relâcher des étrangers frappés d’une décision de reconduite à la frontière au cas où la procédure d’expulsion n’ait pas abouti dans le délai imparti.

Tollé dans la gauche italienne

La mesure a été durement critiquée par la gauche. « Une garantie bancaire à payer par les migrants, s’ils ne se sont pas noyés en Méditerranée », a commenté sur son compte « X » le maire de Bergame (nord), Giorgio Gori (Parti démocrate, gauche), rappelant que l’Italie de l’émigration a vu « 24 millions de migrants essaimer dans le monde entier ».

Le gouvernement « remplit les caisses [de l’Etat] sur le dos et le désespoir des personnes », a regretté le député Emiliano Fossi, du même parti.

Riccardo Magi, secrétaire national du parti centriste +Europa, a ironisé de son côté sur ce qu’il qualifie de « trafic d’êtres humains institutionnel ».

Depuis le 11 septembre, l’Italie a enregistré plus de 15.000 arrivées de migrants partis des côtes nord-africaines vers ses côtes, débarquant pour la plupart sur l’île de Lampedusa, dont les structures d’accueil ont été débordées.

Depuis le début de l’année, leur nombre est de près de 130.000, contre 68.200 en 2022 sur la même période, selon le ministère de l’Intérieur.

Les migrants arrivés ces derniers jours à Lampedusa ont quasiment tous été transférés en Sicile ou sur le continent et ils n’étaient plus qu’une centaine vendredi dans le centre d’accueil de l’île, qui peut en accueillir 400.

Le vent et une mer formée devraient empêcher ou nettement freiner les départs depuis la Tunisie et la Libye au cours du week-end.

À voir également sur Le HuffPost :

Gérald Darmanin affirme que la France « n’accueillera pas de migrants » venus de l’île italienne de Lampedusa

La crise des migrants à Lampedusa donne des maux de tête à Zemmour, Le Pen et l’extrême droite française