Italie: Le M5S tend la main au Parti démocrate, dit non à la Ligue

par Crispian Balmer

ROME (Reuters) - Le Mouvement 5 Etoiles (M5S) a ouvert la voie mardi à des discussions avec le Parti démocrate (centre gauche) sur la possibilité de former une coalition de gouvernement, en estimant que la seule autre façon de sortir de l'impasse politique serait de retourner aux urnes.

L'Italie n'a toujours pas de gouvernement sept semaines après les élections législatives du 4 mars, qui n'ont pas permis de dégager une majorité au Parlement.

Les déclarations faites séparément, mardi, par le chef du M5S, Luigi Di Maio, et par le secrétaire par intérim du Parti démocrate, Maurizio Martina, laissent percer quelque espoir de sortir de l'impasse, mais les réticences manifestées au sein des deux partis pourraient aussi faire échouer l'initiative.

"Je demande au Parti démocrate de venir discuter, non pas pour signer tout de suite un contrat (de gouvernement), mais pour voir s'il existe des bases pour en établir un", a déclaré Luigi Di Maio aux journalistes.

"Pour moi, les discussions sur un gouvernement avec la Ligue sont terminées", a dit aussi le chef de file du Mouvement 5 Etoiles, répondant à un appel du pied adressé quelques heures plus tôt par le Parti démocrate.

Cette formation, qui semblait depuis le 4 mars vouloir se cantonner dans l'opposition, a dit mardi ne pas exclure d'engager des négociations sur la formation d'un gouvernement avec le Mouvement 5 Etoiles à condition que ce dernier renonce à toute idée d'accord avec la coalition de droite.

Si les discussions avec le PD échouent, les Italiens devront retourner aux urnes, a estimé Luigi Di Maio, excluant l'idée qu'un gouvernement de techniciens puisse être mis sur pied avec un mandat limité.

De plus en plus contrarié par la prolongation de l'impasse, le chef de l'Etat italien, Sergio Mattarella, a chargé lundi Roberto Fico, président (M5S) de la Chambre des députés, d'étudier la possibilité d'une coalition entre le M5S et le PD.

"SANS MOI"

Maurizio Martina a rencontré mardi après-midi Roberto Fico et n'a pas exclu une éventuelle entente avec le M5S : "S'il confirme la fin de toute tentative d'accord avec la Ligue et la droite, nous sommes prêts à étudier ce scénario".

Dans les deux heures qui ont suivi, Di Maio a confirmé qu'il mettait fin au dialogue avec la Ligue, ce qui lui a valu une réplique cinglante de Matteo Salvini, le chef de file de la Ligue.

"Flirter avec le Parti démocrate juste pour accéder au pouvoir a tout l'air d'un fort manque de respect pour les Italiens et pour ses propres électeurs (du M5S)", a dit Salvini, qui faisait campagne pour les élections régionales de dimanche dans le Frioul-Vénétie julienne.

On déclarait à Reuters de source politique que les véritables tractations gouvernementales ne débuteraient qu'une fois passé ce scrutin régional.

Après l'annonce par Martina de l'ouverture du Parti démocrate vers le M5S, un certain nombre de députés du PD proches de l'ancien dirigeant du parti Matteo Renzi ont marqué leur désapprobation par ce message sur Twitter: #senzadime (Sans moi). Di Maio a reconnu lui aussi qu'il y avait des frictions au sein de son parti et que tout accord sur une coalition serait soumis au vote des adhérents du mouvement.

A l'issue des élections de mars, le M5S dispose de 222 des 630 sièges de la Chambre des députés et la coalition de droite formée par la Ligue, Forza Italia et Frères d'Italie compte 261 élus. Le Parti démocrate a connu une nouvelle déconvenue lors de ce scrutin et ne compte que 111 députés, suffisamment toutefois pour former une majorité en cas d'alliance avec le parti anti-système.

Lundi, le chef de file du M5S, Luigi Di Maio, a publié sur sa page Facebook un programme en dix points qu'il estime compatible avec les idées de la Ligue comme avec celles du PD, et qui, pense-t-il, pourrait former la base d'un programme commun de gouvernement.

Le M5S refuse de gouverner avec Forza Italia, la formation de droite de l'ancien président du Conseil Silvio Berlusconi, et le chef de file de la Ligue, Matteo Salvini, exclut d'abandonner Silvio Berlusconi.

(Crispian Balmer; Guy Kerivel et Eric Faye pour le service français)