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Italie: Berlusconi fustige le M5S, préfère négocier avec la gauche

L'ancien président du Conseil italien Silvio Berlusconi (photo) a estimé vendredi que le Mouvement 5 étoiles (M5S) était un danger pour le pays, annihilant les derniers espoirs de former une coalition gouvernementale entre l'alliance de centre-droit et le parti anti-système. /Photo prise le 21 février 2018/REUTERS/Max Rossi

par Crispian Balmer

ROME (Reuters) - Le Mouvement 5 étoiles (M5S) est un danger pour l'Italie, a affirmé vendredi l'ancien président du Conseil Silvio Berlusconi, annihilant les derniers espoirs de formation d'une coalition gouvernementale entre la droite et le parti contestataire.

Aucune majorité claire ne s'est dégagée après les élections du 4 mars et les consultations menées par le chef de l'Etat n'ont pas permis d'envisager la formation d'un gouvernement de coalition.

Le M5S dispose de 222 des 630 sièges de la Chambre des députés, mais la coalition de droite formée par la Ligue, Forza Italia et Frères d'Italie compte 261 élus.

La présidente du Sénat, Maria Casellati, membre de Forza Italia, chargée par le président italien, Sergio Mattarella, de consulter les partis politiques pour trouver une issue à la crise post-électorale, a jusqu'à ce vendredi pour mener à bien sa mission exploratoire.

Depuis plus d'un mois, Silvio Berlusconi cherche à convaincre ses alliés de la coalition de droite de former un gouvernement minoritaire avec le Parti démocrate (PD), mais le dirigeant de la Ligue, Matteo Salvini, exclut tout accord avec la gauche.

Le chef de file du M5S, Luigi di Maio, exclut quant à lui tout accord avec Forza Italia et a tenté sans succès de diviser la coalition de droite en poussant Matteo Salvini à rompre avec Silvio Berlusconi.

"UN PARTI POUR LES CHÔMEURS"

"Le M5S est un danger pour le pays. Ce n'est pas un parti démocratique, c'est un parti pour les chômeurs", a déclaré Silvio Berlusconi, selon lequel le Parti démocrate (PD) est à des années lumières devant le mouvement anti-système.

"J'engagerais (les membres du M5S) dans ma société seulement pour nettoyer les toilettes", a ajouté l'ancien président du Conseil, dans un excès de langage devenu rare.

A Milan, le chef de file de la Ligue a de nouveau exclu la formation d'une coalition gouvernementale avec le PD, au risque de crisper un peu plus les relations avec Forza Italia, et a laissé percer une frustration grandissante à l'égard de Berlusconi.

"Ma patience a des limites", a dit à la presse Matteo Salvini, priant le président italien de lui donner son accord pour chercher à former un gouvernement.

"Jusqu'à hier, l'alliance (de centre-droit) était unie. Si quelqu'un décide de s'en retirer en utilisant des insultes et en regardant à gauche, cela n'engage que lui", a-t-il ajouté.

Salvini n'a toutefois pas précisé s'il était prêt à renoncer à son alliance avec Berlusconi pour former une coalition gouvernementale avec Di Maio, ce qu'il a toujours refusé.

"Je ne vais certainement pas demander l'appui du PD (...) Je regrette que, même au sein du centre-droit, il y ait des gens qui jouent à tout détruire plutôt qu'à bâtir", a-t-il souligné.

Si le dirigeant de la Ligue restait fidèle à l'alliance de centre-droit, le président Mattarella n'aurait plus beaucoup d'options pour sortir de l'impasse. L'une d'entre elles pourrait être de convaincre le M5S de s'allier au PD.

(Avec Sara Rossi à Milan et Steve Scherer à Rome, Arthur Connan et Jean Terzian pour le service français)