ISS: Soyouz en opération de sauvetage après un accident qui ne sera sûrement pas le dernier

ESPACE - Il a suffi d’une micrométéorite pour créer la panique au niveau de la Station spatiale internationale. En décembre dernier, l’impact de cet objet sur le vaisseau Soyouz MS-22 arrimé à l’ISS a provoqué une fuite spectaculaire. Selon Roscosmos, l’agence spatiale russe, cet impact a ouvert un trou de « moins d’un millimètre de diamètre » dans un tuyau de refroidissement. À tel point qu’une mission de sauvetage quittera la Terre le 24 février.

Des images de la Nasa montraient alors un jet de particules blanches s’échappant de l’arrière du vaisseau. À cause de cet accident, le véhicule est désormais trop endommagé pour être utilisé par l’équipage venu à bord mais les agences spatiales ne sont pas au bout de leur surprise, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en haut de l’article.

Le risque des débris spatiaux

Comment un objet si petit a pu faire de tel dégâts ? La coupable, c’est l’énergie cinétique. « C’est l’énergie liée à la vitesse et à la masse », explique Florent Deleflie, astronome à l‘Institut de mécanique céleste et de calcul des éphémérides. « Plus l’objet va vite, plus l’énergie cinétique de l’objet est importante et du coup plus les dégâts occasionnés en cas de collision peuvent l’être aussi, même si la masse est petite ».

Ce type d’incident n’a rien d’exceptionnel. Entre les micrométéorites et les débris spatiaux; les impacts sont réguliers : « Quand on récupère du matériau issu de l’espace, on constate toujours des collisions à leur surface. À l’époque, des navettes spatiales américaines, il était relativement connu qu’il fallait en moyenne changer un hublot par mission en raison d’un impact un peu trop important avec une micrométéorite », raconte Florent Deleflie.

Mais la vraie menace, ce sont bien les débris spatiaux, dont le nombre ne cesse de croître. « Avec l’avènement de nouveaux opérateurs comme SpaceX, ses constellations Starlink ou celles de ses concurrents, l’occupation de l’espace est en train de franchir une nouvelle étape en termes de nombre d’objets et donc aussi de probabilité de collision », s’inquiète Florent Deleflie.

Aujourd’hui, il y a plus de 25.000 débris surveillés par les agences spatiales. Mais plus des objets sont petits, plus il est difficile de les identifier, et le cas échéant d’en pister la trajectoire. Ainsi, il y aurait en orbite un demi-million de débris de la taille d’une bille et cent millions mesurant environ un millimètre, selon une agence spécialisée de l’ONU. Largement de quoi faire dans les hublots un impact de la taille d’une pièce de deux euros (ou plus).

Opération de sauvetage

Soyouz MS-22, lui, a nettement besoin d’un passage au garage. Après avoir examiné l’état de l’appareil, Roscosmos a décidé d’envoyer début mars un autre vaisseau, le Soyouz MS-23, pour ramener les deux cosmonautes russes Sergueï Prokopiev et Dmitri Peteline, ainsi que l’astronaute américain Frank Rubio. Au départ, le décollage de cet appareil était prévu le 16 mars et il devait acheminer trois autres passagers vers l’ISS. À la place, il servira de vaisseau de remplacement pour les trois membres de l’équipage bloqués dans la station, et partira dès le vendredi 24 février.

Configuration la Station Spatiale Internationale en février 2023.
NASA Configuration la Station Spatiale Internationale en février 2023.

Mais les cosmonautes ne repartiront pas immédiatement une fois le taxi spatial arrimé, bien au contraire. Sergueï Prokopiev, Dmitri Peteline et Frank Rubio devaient initialement revenir sur Terre le 28 mars, mais leur mission sera prolongée « de plusieurs mois », a indiqué lors d’une conférence de presse le directeur des vols habités chez Roscosmos, Sergueï Krikaliov.

D’autant plus qu’une nouvelle fuite est à l’origine inconnue est survenue le 13 février dernier, mais cette fois au niveau du cargo Progress MS-21 (ou Progress 82 pour les Américains), l’un des éléments de la station spatiale. La NASA et Roscosmos assurent que l’équipage n’est pas en danger.

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