Israël veut un veto américain aux projets sur un Etat palestinien

par Lesley Wroughton ROME (Reuters) - Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a cherché lundi à obtenir l'assurance de la part du secrétaire d'Etat américain John Kerry que les Etats-Unis bloqueraient à l'Onu les initiatives des Palestiniens et des Européens sur la question d'un Etat palestinien. "Ce que nous attendons, c'est que les Etats-Unis respectent la position qu'ils ont depuis 47 ans, à savoir qu'une solution au conflit doit être trouvée par la négociation, et je ne vois pas de raison pour que cette politique change", a déclaré Benjamin Netanyahu à la presse après une rencontre à Rome avec le chef de la diplomatie américaine qui duré trois heures. Avant la réunion, Israël avait fait savoir qu'il attendait du gouvernement américain qu'il exerce son droit de veto au Conseil de sécurité des Nations unies contre toute résolution fixant un calendrier pour le retrait d'Israël et des territoires palestiniens. Après la réunion, Benjamin Netanyahu n'a pas voulu dire s'il avait obtenu la promesse de John Kerry que le veto américain serait bien exercé. De source au fait des discussions, on indique que le chef du gouvernement israélien a en tout cas bien sollicité une telle promesse. Un haut responsable du département d'Etat a fait comprendre que les Etats-Unis s'opposeraient à certaines initiatives. "Nous avons clairement dit pendant les discussions avec tous nos interlocuteurs qu'il y a certaines chose que nous ne pourrons jamais soutenir. Je ne vais pas les exprimer publiquement", a dit ce responsable. La Jordanie a fait circuler parmi les 15 membres du Conseil de sécurité de l'Onu un projet de résolution arabo-palestinien qui prévoit un retrait israélien d'ici novembre 2016. Des responsables américains ont fait savoir que les Etats-Unis ne jugeaient pas ce projet acceptable mais qu'à ce stade des discussions, ils n'estimaient pas utile de prendre position. TEXTE PRÉSENTÉ MERCREDI? "Que nous ayons ou pas les neuf voix au Conseil de sécurité, la décision a été prise de présenter la résolution arabo-palestinienne mercredi au Conseil de sécurité", a déclaré Wassel Abou Youssef, un dirigeant de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) de Mahmoud Abbas, le président de l'Autorité palestinienne. "Mercredi, a confirmé l'ambassadeur palestinien auprès des Nations unies Riyad Mansour, un projet sera mis en bleu", ce qui signifie dans le jargon onusien que la version définitive du projet de résolution est susceptible d'être mise aux voix dans un délai de 24 heures. L'ambassadrice de Jordanie auprès des Nations unies Dina Kaouar a toutefois déclaré n'avoir reçu aucune demande concernant une action sur le projet palestinien de résolution. L'émissaire spécial des Nations unies pour le Proche-Orient, Robert Serry, a fait le point lundi devant le Conseil de sécurité. Il a souligné qu'une résolution qui fixerait les paramètres d'un accord israélo-palestinien serait une chose importante mais qu'elle ne pouvait être "un substitut à un véritable processus de paix qui devra être négocié par les deux parties." De Rome, John Kerry s'est envolé pour Paris pour rencontrer ses homologues allemand, britannique et français qui eux aussi travaillent à un projet de résolution visant à mettre fin au conflit israélo-palestinien. Mardi, John Kerry doit rencontrer à Londres le négociateur en chef palestinien Saëb Erekat et une délégation de la Ligue arabe à Londres. Peu avant de quitter Rome, Benjamin Netanyahu, qui est en pleine campagne pour les élections législatives anticipées du 17 mars prochain, a déclaré à la presse: "Nous n'accepterons pas les tentatives de nous dicter des mesures unilatérales, liées à des échéances. (...) Même s'il y a des injonctions, nous y résisterons fermement." Le ministre israélien chargé des Affaires stratégiques Yuval Steinitz a lui aussi déclaré ces derniers jours qu'Israël s'attendait à ce que les Etats-Unis utilisent leur droit de veto si nécessaire, comme "il en a toujours été". (Avec Ori Lewis et Dan Williams à Jérusalem, Ali Sawafta à Ramallah et Michelle Nichols aux Nations unies; Danielle Rouquié pour le service français)