Israël reconnaît des erreurs de l'armée lors de l'attaque du 7 octobre

Israël reconnaît des erreurs de l'armée lors de l'attaque du 7 octobre

L'armée israélienne a admis avoir commis une série d'erreurs lors de l'attaque du Hamas du 7 octobre, qui a déclenché la guerre actuelle à Gaza. Jeudi, Tsahal a reconnu des lenteurs dans les réactions et une désorganisation, à l'occasion de la publication des résultats de sa première enquête sur les défaillances survenues au cours de l'assaut.

Le rapport se concentre sur la communauté de Be'eri, la plus durement touchée lors de l'attaque. Ce jour-là, plus de 100 personnes ont été tuées et plus de 30 autres ont été prises en otage par le Hamas.

"L'armée a échoué dans sa mission de protection des habitants du kibboutz Be'eri", a déclaré le porte-parole de l'armée, le contre-amiral Daniel Hagari, lors d'une allocution télévisée. "Il est douloureux et difficile pour moi de dire cela".

Au cours de l'affrontement, un char avait visé une habitation, ce qui a fait craindre que les 13 otages qui s'y trouvaient n'aient été tués par des tirs amis. L'armée a conclu qu'ils avaient probablement été tués par des combattants du Hamas, et non par des tirs d'obus israéliens, mais la manière dont Tsahal est parvenue à cette conclusion n'est pas claire, et le rapport préconise des tests supplémentaires.

L'armée a, par ailleurs, déclaré que le kibboutz avait été encerclé par environ 340 combattants du Hamas.

Une maison détruite par les combats dans le kibboutz Be'eri, une ferme communautaire israélienne à la frontière avec la bande de Gaza, jeudi 11 janvier 2024.
Une maison détruite par les combats dans le kibboutz Be'eri, une ferme communautaire israélienne à la frontière avec la bande de Gaza, jeudi 11 janvier 2024. - Tsafrir Abayov/Copyright 2024 The AP. All rights reserved

Les enquêteurs "ont établi que, sur la base des informations examinées et dans la mesure de leur compréhension, aucun civil à l'intérieur du bâtiment n'a été blessé par les tirs d'obus de chars", indique le rapport, qui précise toutefois que deux civils israéliens ont été touchés par des éclats d'obus à l'extérieur du bâtiment. L'un de ces civils est décédé, selon l'épouse de la victime.

Le rapport indique également que les commandants sur place ont pris des "décisions professionnelles et responsables". Il a ajouté que plusieurs commandants avaient pris une décision commune après avoir entendu des coups de feu à l'intérieur de la maison et des militants déclarer qu'ils avaient l'intention de tuer les otages et de se suicider.

Plusieurs heures de retard

Le rapport fait également état de retards de plusieurs heures dans l'arrivée des forces militaires et indique que celles-ci ont attendu à l'extérieur du kibboutz jusque dans l'après-midi, alors que des résidents étaient tués, sans comprendre la gravité de la situation.

"Cette situation est extrêmement grave et il est inacceptable qu'elle se produise", indique le rapport.

Le rapport salue "la bravoure des habitants de Be'eri et des membres de l'équipe civile d'intervention rapide du kibboutz", affirmant qu'elle a été "cruciale pour stabiliser la ligne de défense au cours des premières heures de combat".

L'armée israélienne a fait l'objet de vives critiques de la part des Palestiniens et des groupes de défense des droits de l'homme, qui affirment que ses enquêtes aboutissent rarement à des sanctions.

Le kibboutz a également demandé la création d'une commission d'enquête officielle sur les échecs du 7 octobre, "afin que la perte inimaginable que nous avons subie ne soit plus jamais vécue par d'autres citoyens".

Des responsables militaires ont démissionné après l'attaque

Le raid surprise transfrontalier a tué quelque 1 200 personnes, pour la plupart des civils, et fait 250 otages. Il s'agit de l'attaque la plus meurtrière de l'histoire d'Israël. Cette attaque, au cours de laquelle plusieurs milliers de militants ont franchi la frontière sans rencontrer de résistance, a révélé de graves lacunes dans l'état de préparation de l'armée, dans l'évaluation des renseignements et dans la politique menée par les dirigeants politiques à l'égard de la bande de Gaza.

L'offensive israélienne lancée en réponse à l'attaque a fait plus de 38 000 morts palestiniens, selon les autorités locales, déplacé plus de 80 % de la population du territoire et déclenché une catastrophe humanitaire dans la bande de Gaza. Israël est aujourd'hui accusé de crimes de guerre et de génocide par les tribunaux internationaux.

L'armée a lancé de multiples enquêtes sur les échecs du 7 octobre et le chef du renseignement militaire a démissionné. Plusieurs autres commandants ont présenté leurs excuses et assumé la responsabilité de leurs échecs.

Mais le Premier ministre Benjamin Netanyahu a rejeté les appels répétés en faveur d'une enquête officielle de l'État, alors que la guerre entre dans son dixième mois.